Au cœur du 9e arrondissement de Lyon, le quartier Valmy se transforme en un terrain d’expérimentation du dispositif Quartier Zéro Déchet. Soutenu par l’ADEME et deux associations locales, Mouvement De Palier et Zéro Déchet Lyon, le projet compte également sur deux autres appuis essentiels : la ville de Lyon et la mairie du 9e arrondissement. Une alliance stratégique au service d’un projet inédit.
Trois ans pour réduire la production de déchets à l’échelle d’un quartier, c’est le défi que se sont donné les associations Mouvement de Palier et Zéro Déchet Lyon dans le 9e arrondissement de la ville, quartier Valmy. Ici, tout est pensé pour créer un environnement propice à la réduction des déchets.
Cette aventure est inspirée d’un projet mené en 2019 par la ville de Paris et la mairie du 10e arrondissement à l’échelle de la rue Paradis. « C’était un projet vraiment intriguant puisqu’à l’époque c’était le seul en France. Maintenant, on le porte nous aussi de façon encore plus ambitieuse…C’est notre déclaration pour un avenir où chaque action, chaque déchet évité, résonnent comme un acte politique concret », raconte Etienne Ruiez, chargé du projet et des expérimentations du quartier pour Mouvement de Palier.
Mise en oeuvre de la politique gouvernementale
Par l’accompagnement et le financement de projets comme la rue zéro déchet parisienne, l’Agence de la transition écologique (ADEME) participe à la construction de politiques nationales et locales de transition écologique. Elle encourage l’échange de bonnes pratiques tout en apportant une expertise précieuse.
Convaincue par la première expérimentation parisienne, l’ADEME soutient l’initiative dans le quartier lyonnais de Valmy. « Cette aide est la bienvenue et est réellement indispensable pour garantir la viabilité économique du projet sur les deux années d’expérimentation qu’il reste », raconte Sarah Desmurs, ex-coordinatrice du projet.
Pour les bénévoles de l’association, le projet, « reproductible », a vocation à inspirer d’autres quartiers et communes. Cette reproduction est une volonté de l’ADEME, qui pourra se servir de cette expérience pour l’exporter et accompagner de nouveaux projets partout en France.
Pour l’agence gouvernementale, c’est aussi l’occasion de mettre en œuvre la stratégie de l’État, adoptée par décret le 14 avril 2022, dite des « 3R » : réduire, réemployer et recycler. Elle vise à prévenir la production des déchets, promouvoir le réemploi des objets et inciter au recyclage.
Un soutien politique local
Le secteur de ce projet ambitieux n’a pas été choisi par hasard. Populaire et chargé d’histoire industrielle, Valmy a des airs de village dans la ville. « Nous voulions une zone à fort potentiel d’évolution. Choisir la facilité et un quartier ayant de très bonnes bases c’est trop simple, on veut s’adresser à tous, et par tous, on entend aussi celles et ceux qui sont moins au fait des enjeux de la transition écologique », ajoute Claire Dulière, coordinatrice du plaidoyer de l’association Zéro Déchet Lyon.
Pour que tous les habitantes et habitants soient inclus, de nombreuses activités sont prévues. Chaque semaine, des cafés-débats sont organisés entre les habitants du quartier. De ces rencontres sont nés divers projets comme le café-réparation pour apprendre à ne plus jeter ses appareils en panne, une boîte à partage ou encore un jardin urbain… En bref, tout est pensé pour créer du lien social entre les personnes locales tout en favorisant la réduction des déchets.
Le choix du quartier, la création de liens sociaux, l’objectif zéro déchet ainsi que l’implication d’associations lyonnaises œuvrant pour la transition écologique ont convaincu les deux autres partenaires financiers du projet : la mairie d’arrondissement et la Ville de Lyon. Heureux hasard, l’une des grandes orientations du plan de mandat 2020-2026 de la municipalité était de « faire de la ville de Lyon un territoire zéro déchet et zéro gaspillage. » Ce projet permet à la Ville de contribuer à tenir cette promesse de mandat. La mairie d’arrondissement est elle aussi impliquée : « L’idée c’est de faire en sorte que ce soit plus simple pour les associations. On leur donne la possibilité d’accéder aux panneaux publicitaires gratuitement, on les convie à des événements…», confie Florence Belleret, collaboratrice de la maire du 9e arrondissement.
Un suivi du projet par les acteurs publics
L’évaluation et le suivi de l’impact du projet est une priorité pour les acteurs locaux et l’ADEME. L’instance gouvernementale a un droit de regard sur l’avancée du projet. Les données sur la réduction des déchets et du taux de recyclage sont analysées régulièrement. Ces informations deviennent des boussoles qui orienteront les prochaines étapes du projet, et permettront d’en inspirer de futurs.
Cette collaboration entre la Ville de Lyon, la mairie, les associations locales et l’agence gouvernementale, crée un environnement favorable où les ambitions écologiques se traduisent en actions concrètes. Dans un pays où, selon l’ADEME, 38 millions de tonnes de déchets ménagers sont produits chaque année, les initiatives locales telles que le quartier zéro déchet sont les bienvenues. Elles seront peut-être élargies un jour, à plus grande échelle, pour construire la ville de demain.
Camille Aubertin