Maison en bois en construction.

Charpente en bois d'une maison en construction. Ralphs-Fotos.

Engager les propriétaires vers le vert

Cet article a été publié dans le cadre d’une journée de simulation de rédaction web. Il a été validé, écrit, relu, et corrigé par les élèves, en totale autonomie.

Construire des maisons “environnementales”, se tourner vers la rénovation ou encore valoriser des logements existants. Plusieurs solutions pour rendre nos habitations plus écologiques, mais leur accessibilité est critiquée par les professionnels du bâtiment.

Privilégier le circuit court, les matériaux naturels et prendre en compte le territoire. Ce sont les engagements de la maison “environnementale”. Alors que le logement et le bâtiment représentent 40% des émissions de CO2 de la planète, les propriétaires ont tout intérêt à s’emparer des outils de la construction bioclimatique.

Un travail qui commence dès la conception pour Audrey Gelin, architecte à l’agence Substantic. La maison doit être “conçue avec le plus de bon sens possible, par rapport à l’ensoleillement, au site, aux ombres, à la végétation.” Elle nous donne l’exemple du solaire passif : “c’est utiliser une grande façade vitrée au sud, où le soleil va rentrer l’hiver, mais avec une avancée toiture qui va permettre que le soleil ne rentre pas l’été. On pense aussi à une ventilation naturelle, en créant des courants d’air pour rafraîchir la maison.”

Ensuite, vient la question des matériaux. Il faut réfléchir à la proximité des fournisseurs, et favoriser ceux naturels. Pour Laurent Gros, gérant de la SARL Evidence Bois, spécialisé en construction de maisons ossature bois, l’intérêt de ce matériau est dans son caractère “biosourcé”. Cela veut dire qu’il est d’origine végétale et renouvelable. Ses avantages ne s’arrêtent pas là : “Le bois absorbe du CO2, qu’il garde en stock tout au long de sa vie. Construire une maison en bois, c’est se garantir un bilan carbone quasiment nul”.

Valoriser ce qui existe

Selon Audrey Gelin, penser l’habitat comme écologique, c’est d’abord penser à la rénovation. “Valoriser ce qui est déjà fait, c’est forcément plus intéressant que dérouler du lotissement sur des environnements naturels”. En 2022, selon le Complément d’enquêteRénovation énergétique : des milliards dépensés pour rien”, les logements classés A ou B ne représentent que 5% du parc. Pour cela, elle souhaiterait plus de volonté politique, car “les projets de rénovation sont compliqués, il faut de la technicité et se préparer à avoir des surprises. On est aussi limité dans la conception, puisqu’on compose avec ce qui existe”.

Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, recommande aux propriétaires la rénovation par travaux isolés. Rénover petit à petit. Pour l’architecte, ce n’est pas le bon mode opératoire : “Il faut avoir une réflexion globale sur un projet pour ne pas multiplier les petites interventions. C’est comme si on mettait pleins de pansements sur une plaie. Vaut mieux prendre à bras le corps le sujet.”

D’après le Complément d’enquête dédié à la rénovation énergétique, en 2022, sur 669 890 dossiers MaPrimeRenov, seulement 65 939 concernaient des rénovations “globales”. Selon l’architecte, il faut donc davantage inciter les propriétaires à rénover leur logement, afin de les rendre plus écologiques et économiques pour les foyers.

Des projets possibles mais peu accessibles

Du point de vue de Laurent Gros, les ménages ne sont pas aidés sur leur demande de financement. “Il faudrait que les banques fassent un calcul des prêts sur leur reste à vivre, pas sur leur capacité de remboursement”. Le concepteur critique que le caractère durable et économe de la future maison n’est pas pris en compte. Il explique : “dans ce genre de logement, les propriétaires sont amenés à moins consommer d’énergie, ils peuvent alors placer cet argent dans le remboursement de leur prêt”.

Audrey Gelin, l’architecte, pense que les concepteurs ont besoin de soutien. “Il y a des actions comme Coeur de ville (à Hyères) avec du financement et de l’accompagnement.” Le dispositif est “une vraie prise en charge locale. Il y a des personnes en face qui font des rendez-vous et donnent des conseils”.

Elle insiste sur l’accessibilité pour les propriétaires “il faut mettre en place des dispositifs d’aides mais qui soient simples. Rénover c’est déjà compliqué, donc s’il faut en plus remplir tout un tas de papiers.”

Chloé Goupil et Manon Souchois

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.