Jeune femme seule sur son téléphone.

Les réseaux sociaux accentue le FOMO. Crédit photo Philippe Lopez AFP

Le phénomène Fomo : vrais ou faux maux ?

Cet article a été publié dans le cadre d’une journée de simulation de rédaction web. Il a été validé, écrit, relu, et corrigé par les élèves, en totale autonomie.

Le FOMO (Fear of missing out) ou anxiété de ratage en français est une forme d’anxiété caractérisée par la peur constante de manquer un événement quelconque donnant une occasion d’interagir socialement. Un phénomène dont on entend de plus en plus parler.

Vous avez raté la soirée du week-end dernier et vous avez du mal à vous en remettre ? C’est un ressenti tout à fait normal et qui porte même un nom : le FOMO. Abréviation de Fear Of Missing Out (peur de manquer quelque chose), ce phénomène a été défini en 2004 par l’universitaire anglais Patrick J. McGinnis.

Ce syndrome se traduit par la peur, parfois maladive, de manquer un événement ou une nouvelle importante. Les personnes atteintes ont l’envie permanente de participer aux sorties, parfois au point de s’obliger à le faire lorsqu’elles n’en ont pas l’envie.

Une angoisse incontrôlable

C’est le cas de Noé, étudiant allemand en information et communication : “Dans la classe, on est un groupe homogène donc on se sent obligé d’aller aux sorties pour être intégré au groupe”. Le jeune homme avoue s’être déjà forcé plusieurs fois à sortir et d’avoir regretté. 

Un sentiment d’obligation qu’a longtemps partagé Anaïs, 20 ans, étudiante en psychologie. Depuis son arrivée à la fac, elle affirme moins ressentir ce phénomène, mais en était totalement atteinte au lycée. Elle est consciente que personne ne l’a jamais fait se sentir coupable : “Je me mettais moi-même cette pression d’aller en soirée et de m’amuser”.

J’ai souvent peur de rater quelque chose d’important, mais finalement quand ça arrive, ça ne m’atteint même pas

Maria, étudiante allemande en Erasmus

Une idée revient chez les jeunes interrogés : ils savent que cette peur en amont d’un événement est exagérée. Maria, également en Erasmus, soutient cette idée : “J’ai souvent peur de rater quelque chose d’important, mais finalement quand ça arrive, ça ne m’atteint même pas”. Le phénomène a plutôt l’air d’être basé sur une peur de non-appartenance à un groupe que sur des événements justifiés. Une sorte d’injonction à s’amuser s’imposerait aux personnes atteintes. Pour Noé, c’est un sentiment renforcé par son Erasmus : “Je ne suis pas longtemps en France, alors il faut que je profite”.

Carlo de Bob l'éponge observe Bob et Patrick s'amuser à travers une grille.

Crédit photo Nickelodeon

Les réseaux sociaux au cœur du problème

Souvent mis en cause dans ce phénomène, les réseaux sociaux semblent être un catalyseur du FOMO. Jean-Louis Clément, psychologue et psychothérapeute à Bron l’explique : “Les relations sociales médiatisées par les écrans, entraînent une sensation d’avoir beaucoup de contacts sans en avoir vraiment”. Autrement dit, voir la story Instagram d’une personne, donne l’impression d’être en lien avec elle, sans que ce soit véritablement le cas. On se sent globalement plus proche de la personne que l’on ne l’est vraiment, et cela renforce un potentiel sentiment “d’abandon”.

On devient alors spectateur de la vie des autres, là où on ne l’aurait pas été sans les réseaux sociaux. Maria l’avoue : “Des fois, je suis en temps réel ce qui se passe à certaines soirées où je ne suis même pas invité”. Les jeunes, utilisateurs majoritaires des réseaux, connaissent alors un sentiment d’isolement. Un ressenti renforcé par l’embellie des publications de leurs congénères, qui postent uniquement la plus belle photo ou vidéo de la soirée.

Le symptôme d’un isolement global

Le FOMO n’est pas un phénomène esseulé. Jean-Louis-Clément le voit comme “l’expression d’un malaise plus global et non un symptôme qu’on peut traiter de manière isolée”. Cette angoisse s’inscrit dans un isolement de plus en plus fréquent dans notre société, et notamment chez les jeunes. C’est quelque chose que le psychologue observe davantage depuis le Covid.

L’anxiété de ratage”, combinée à la pression de s’amuser, a été multipliée car beaucoup de jeunes ont l’impression d’avoir perdu des années d’amusement. Les différents confinements apparaissent alors comme une fatalité, une période qu’ils ne pourront jamais rattraper. Une idée qui leur est souvent soufflée par les générations précédentes, “répétant sans cesse qu’il faut profiter des jeunes années” selon Anaïs. 

Et soyons honnêtes, il ne s’est rien passé de si important à cette soirée du week-end dernier, alors pas de regrets.

Maxime Demigné et Erwan Cler

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.