Une banderole accrochée sur la devanture du groupe scolaire Frida Kahlo. Il est écrit "dans cette école quatre enfants sans toit, mobilisons-nous".

Selon les chiffres du collectif Jamais Sans Toit, 277 enfants dont 13 de moins de 3 ans sont sans-abri à Lyon. Crédit photo Camille Aubertin et Emilie Betbeder

Enfants à la rue, entre solidarité et inaction gouvernementale

Cet article a été publié dans le cadre d’une journée de simulation de rédaction web. Il a été validé, écrit, relu, et corrigé par les élèves, en totale autonomie.

“Un toit c’est un droit, mobilisons-nous”. Sur les façades des écoles, il n’est pas rare de voir ces banderoles qui dénoncent la non-action de l’État face au manque d’hébergements d’urgence pour les familles sans-abri. Des établissements scolaires se transforment en lieu d’accueil grâce à l’action de collectifs. Une solidarité en chaîne pour faire face à une situation de crise. 

Selon l’UNICEF, ce sont près de 3 000 enfants qui dorment dans la rue chaque nuit en France. Une situation sous-estimée qui ne compte pas les mineurs non accompagnés. Que ce soit à Paris, Bordeaux, Marseille ou encore Lyon, le problème est le même. Les 203 000 places d’hébergement d’urgence disponibles en France ne suffisent pas ou plus pour accueillir les familles. L’attribution de ces places n’incombe pas à la municipalité, mais est du ressort de l’État. En décembre, le maire de Lyon, Grégory Doucet, avait demandé à rencontrer le président de la République, Emmanuel Macron, pour trouver une “solution à la hauteur de la crise”.

Un parc d’hébergement d’urgence qui n’a pas su s’adapter

Depuis 2018, le numéro d’urgence sociale (115) répond à un nouveau critère : lorsqu’un enfant atteint l’âge de 3 ans, l’hébergement d’urgence est refusé, et ceux qui en bénéficient peuvent être exclus de leurs structures d’accueil. Une situation complexe, qui l’est encore plus pour les familles monoparentales, souvent des mères isolées, puisque la majorité des places sont réservées aux hommes seuls. La fondation Abbé Pierre explique cela par le fait qu’il y a 10 ans, la majorité des sans-abri correspondait à ce profil. Désormais ce sont des familles entières qui se retrouvent sans toit, avec un parc d’hébergement d’urgence qui n’a pas su s’adapter. 

Dans la métropole lyonnaise, le collectif citoyen “Jamais Sans Toit” se mobilise en faveur des enfants et familles sans-abri depuis 2014. Il recense actuellement 139 familles en situation de détresse dont 78 mères isolées, et 277 enfants dont 13 de moins de 3 ans. Leurs actions ont notamment permis à 112 personnes, dont une soixantaine d’enfants, qui occupaient l’école Montel jour et nuit (9eme arrondissement) de bénéficier d’une aide d’urgence de la municipalité.

Une nouvelle occupation d’école à Lyon

Ce jeudi 4 avril, une occupation a débuté dans le 7ème arrondissement. Dans l’école Frida Kahlo, ce sont trois familles sans-abri, dont quatre enfants de 3 et 4 ans qui sont actuellement hébergés. Parmi les enfants, trois sont des élèves de l’établissement. Les familles trouvent refuge dans la salle de motricité de l’école, transformée en dortoir à partir de 18h30. Chaque nuit, une personne du collectif assure une permanence en dormant dans une salle attenante. Parents d’élèves et enseignants mettent en place diverses actions pour leur venir en aide : “On a mis en ligne une cagnotte et on organise des collectes alimentaires, des goûters solidaires pour récolter des fonds et communiquer sur la mobilisation” explique Zéphyre Faidherbe, membre du collectif. 

On veut que les familles reçoivent des propositions d’hébergement décentes et pas seulement des initiatives citoyennes et bénévoles”

“Jamais Sans Toit”, collectif citoyen

La mairie a été alertée par le collectif et les parents d’élèves, mais pour Sandrine Runel, adjointe au maire de Lyon déléguée aux solidarités, il y avait peu d’espoir que l’État se mobilise sur cette situation : “Nous sommes déjà débordés par les hébergements d’autres familles, comme celles de l’école Montel et présentement, il est compliqué de trouver des solutions d’hébergement rapidement car ce sont des femmes seules et nous sommes submergés par les demandes.

Pour les membres du collectif, la mobilisation continuera tant que le gouvernement n’agira pas. Les solutions doivent venir d’en haut : “On veut que les familles reçoivent des propositions d’hébergement décentes et pas seulement des initiatives citoyennes et bénévoles”.

Camille Aubertin et Emilie Betbeder

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.