Plusieurs femmes sont en train de jardiner. Avec ou sans gants, elles mettent toutes les mains dans la terre.

L'objectif du Jardin de l'Envol est de créer du lien autour du jardinage.

À Lyon, le jardin collectif de l’Envol cultive la solidarité

En région lyonnaise, le jardin de l’Envol défend une nouvelle manière de cultiver les fruits et légumes tout en enrichissant les relations humaines. Plus qu’un simple jardin, il incarne une réflexion sur le vivant, la solidarité et la réinvention du lien social.

Au cœur de Vénissieux se niche un écrin de nature. Dans le quartier « démocratie » des Minguettes, entre immeubles imposants et places de parking apparaît un espace vert de plus de 2 000 m2. Une banderole portant l’inscription « Jardin de l’Envol » est suspendue à la clôture et des dessins de carottes, réalisés avec des mains d’enfants, rappellent la proximité de l’école Charles-Perrault.

Ici, trois matinées par semaine, une vingtaine de bénévoles, bêches en mains, œuvrent pour produire leurs légumes. Parmi eux, des bénéficiaires du Revenu de Solidarité Actives (RSA) accompagnés par des structures d’insertion, mais pas seulement : le lieu est ouvert à tous, sans adhésion. L’occasion pour chacun de s’initier à l’art du jardinage.

« Je ne fais pas que pousser des plantes »

Dans le froid du premier samedi de novembre, ils sont trois à s’être levés pour enfiler bottes et imperméables, accompagnés de Victor Mange, animateur du jardin. Malgré la pluie, rien ne les arrête : il faut préparer l’hiver. Rires et plaisanteries sont au rendez-vous pour les dernières récoltes et le paillage des arbres fruitiers. En plus de mettre la main à la terre, le lieu est vecteur de socialisation. « Ici, c’est plus qu’un jardin. Je ne fais pas que pousser des plantes, je fais aussi naître des relations. Ça me fait un bien fou », lance Michel, bénévole depuis trois mois à l’Envol. Ici pas de bout de terrain individuel. Tous travaillent sur l’ensemble du jardin, toujours dans un esprit collectif. « On apprend plus de choses comme ça qu’en travaillant seul dans son coin. C’est plus sympa, on est une équipe…Enfin, une équipe, c’est plus une petite famille. On se sent bien », poursuit Élodie qui vient donner de son temps depuis deux semaines.

Au détour des sentiers, on peut aussi croiser Farida. Pas de pelle en main pour cette retraitée de 80 ans, mais des gâteaux et du thé qu’elle distribue aux personnes courageuses. Sa mission dans le jardin est devenue une véritable coutume pour celles et ceux qui y travaillent. Réunissant des personnes de tout horizon et tout âge, le jardin est un (re)créateur de liens sociaux. Celles et ceux qui participent à la construction du lieu récupèrent ce qu’ils produisent, à condition de s’investir à minima deux fois par semaine au jardin. Une plus-value économique et alimentaire, les produits sont sains, bio et de saison.

« Ce lieu public est un outil social »

Le nom du jardin n’est pas un hasard, les volontaires ne restent en majorité que pour quelques mois. « Le jardin leur insuffle l’élan nécessaire pour reprendre un lien avec tout le reste. Une fois qu’ils s’envolent notre mission est réussie », sourit Victor Mange. « Le but était que chacun ait un panier hebdomadaire, sans autre contrepartie que de travailler pour le jardin. Maintenant, ce lieu public est un outil social. On a mis en place des partenariats, notamment avec l’École de la 2e Chance. D’autres viennent exécuter des travaux d’intérêt généraux. Ils font tout ça ensemble. » Solution efficace pour lutter contre l’exclusion sociale tout en encourageant les circuits-courts, les jardins partagés permettent de se reconnecter aux saisons dans la convivialité. 

Ces initiatives bénéficient du soutien de la Métropole de Lyon, qui les subventionne depuis plusieurs années, favorisant ainsi l’émergence de 40 jardins répartis sur 22 communes de la région. Un coup de pouce financier essentiel pour cultiver l’avenir de l’agriculture urbaine, où le local et la solidarité s’entremêleront peut-être.

Camille Aubertin

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.