Salomé Wattecamps, présidente de Studio 49

Salomé Wattecamps, présidente de Studio 49

Un féminisme qui donne le la

Amoureuse de rap depuis qu’elle a goûté aux premières mesures de Sniper, Salomé Wattecamps s’est imposée avec son association dans le paysage musical grenoblois mais aussi en tant que figure féminine qui fait bouger les lignes.

New Balance salies en concert, tee-shirt de Kendrick Lamar et micro en main, Salomé Wattecamps arrive anxieuse mais fière. Nous sommes à quelques heures d’un nouvel événement organisé par son association STUDIO 49. Chaque mois elle organise open-mic suivi d’un concert mettant en scène un talent grenoblois.

« Rendre à César ce qui appartient à César. »

Salomé Wattecamps, présidente du Studio 49

Accompagnée de sa quinzaine de bénévoles qui a rejoint le navire depuis octobre 2021, Salomé́ se veut ferme quand le public arrive. Mais se détend dès que les grilles de L’Ampérage (salle associative partenaire de l’association) se referment. Auditrice et amoureuse passionnelle de rap depuis une dizaine d’années, la jeune femme de 22 ans s’est promis de “rendre à César ce qui appartient à César” puisqu’elle assure que cette ville lui a fait aimer le rap. Jeune et ambitieuse, la néo-parisienne diplômée d’une double-licence à la Sorbonne écume aujourd’hui les salles de concert de la rive droite afin de faire une veille et des auditions secrètes pour sa petite salle grenobloise.

Hub artistique

L’objectif de son association est “de donner un lieu de rencontre et d’échange aux artistes (rappeurs, graphistes, photographes, NDLR) de la région et d’éviter aux jeunes d’aller jusqu’à Lyon pour voir un bon concert de rap.” Le pilier même de Studio 49 est “d’accompagner les jeunes artistes administrativement et techniquement”. Et d’ensuite leur donner une première partie avant un artiste important de la scène émergente francophone et malheureusement souvent parisienne. 

« Moins prise au sérieux puisque jeune femme. »

Salomé Wattecamps, présidente du Studio 49

Des artistes, des managers, des tourneurs, elle en a rencontré́ beaucoup sur des possibles venus de leurs têtes d’affiche. Toujours dans le respect mais aussi “moins prise au sérieux puisque jeune femme” nous avoue-t-elle avec amertume. Même avec les personnes qui gravitent autour de l’association, des artistes avec qui elle travaille, le respect et la considération sont parfois inférieurs à son acolyte Nils, qui gère en fond la partie scénique. Une cigarette tremblante à la bouche, les yeux rivés sur la scène, Salomé assure qu’elle doit faire plus qu’un homme, “en tant qu’auditrice et présidente d’asso”. Être une femme dans les milieux artistiques et notamment celui du rap est une difficulté considérable. D’après Mewem moins de 10% des entreprises musicales sont dirigées par des femmes, qui font face à des freins sexistes et sociaux. 

Tout est effort pour que les gens qui rentrent dans le cercle de Salomé soient respectueux et qu’elle puisse asseoir sa légitimité. Dans l’association, plus d’un tiers des bénévoles sont des femmes, une “priorité absolue pour montrer que les femmes aussi sont talentueuses en tant que rappeuses, photographes”, nous glisse-t-elle, les yeux plein d’ambition. 

L’enjeu est grand, il est pleinement actuel et mérite que “tous s’y penchent afin de faire bouger ces lignes bloquées depuis trop d’années”. Un second défi après la musique ajoute Salomé, “puisque le rap prime, comme depuis le début.” 

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.