L’Obs, nouvelle formule : on change tout ?

Le Nouvel Observateur n’est plus, place à L’Obs. Le 24 octobre dernier, les lecteurs de l’hebdomadaire, qui fête ses cinquante ans, ont eu un nouveau magazine entre les mains. Nouveau nom, nouvelle maquette. Nouvelle identité ?

La nouvelle Une de l’Obs

L’Obs ? « Parce que les gens l’appellent comme ça depuis longtemps ». Au-delà du nom, le contenu même du magazine fait peau neuve. La maquette d’abord, avec l’abandon définitif d’un graphisme dit « à la française ». L’Obs s’écarte de ce que produit la concurrence (Le Point, L’Express, Marianne…) pour s’aligner sur les grands classiques anglo-saxons. La ressemblance de la une avec celles de Vanity Fair ou Time ne laisse aucun doute.

La modernisation est sur tous les fronts : développer le data journalism, oublier les infographies « ringardes », ouvrir à la pop culture et aux nouveaux médias… Un seul objectif : séduire un nouveau public, plus jeune.

Autre changement majeur : L’Obs abandonne le « rubriquage » classique, par thèmes. Dorénavant, l’actualité dictera l’ordre des sujets : “nous ne serons pas obligés d’ouvrir avec la politique intérieure si l’actualité économique est plus forte“, explique le rédacteur en chef, Matthieu Croissandeau.

Et rien de tel que les scoops pour attirer le lecteur. « L’exclusivité plutôt que l’exhaustivité ». Le gros changement induit par cette quête du scoop ? Certainement la fin d’une double temporalité entre site web et format papier. L’hebdomadaire s’aligne désormais sur le « temps réel », nom du site web de L’Obs.

Et L’Obs sur internet ?

Question changement, le site n’est pas en reste : « nous voulons devenir le premier portail français du magazine en ligne », revendique Matthieu Croissandeau. Jusqu’à maintenant, le site internet du Nouvel Observateur a toujours été entièrement gratuit. Mais d’ici la fin de l’année 2014, c’est toute une zone du site qui deviendra payante.

« Les contenus les plus partagés sont les grands formats », constate le rédacteur en chef. En misant sur des enquêtes, reportages et autres contenus enrichis, L’Obs compte adopter le même modèle économique que le journal Le Monde et bien d’autres sites médiatiques.

Pascal Riché, rédacteur en chef de Rue89, a été nommé directeur adjoint de la rédaction, pour piloter toutes les rédactions numériques rattachées à L’Obs.

Nouvel “Obs“, nouvelle identité ?

« Dépolitisation » ? « Désidéologisation » ? Interrogée par Libération, une journaliste de L’Obs s’inquiète des conséquences du changement de formule sur l’identité historique de l’hebdomadaire : « Le Nouvel Obs, ça voulait dire quelque chose ».

« L’Obs change de nom, de maquette, mais pas d’histoire, de principes ou de valeurs », rassure Matthieu Croissandeau. Mais le rédacteur en chef de 42 ans, successeur de Laurent Joffrin, appartient à la nouvelle vague du directoire du magazine, racheté au printemps dernier par le trio BNP (Pierre Bergé, Xavier Niel, Matthieu Pigasse), coactionnaires du Monde.

La clause de cession a d’ailleurs signé le départ de 36 journalistes. « Une catastrophe pour le journal », regrette un journaliste de L’Obs, « mais ça fait baisser la moyenne d’âge de vingt ans ! »

La quête de modernité ne fait aucun doute. L’objectif ? Conserver sa place de leader sur le marché des new-magazines et enrayer la baisse des ventes. Sur 2013-2014, l’OJD signalait une baisse de 2,9 % de la diffusion de l’hebdomadaire par rapport à l’année précédente.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.