On date les premières compétitions d’esport au début des années 90. Trente ans plus tard, les différentes compétitions mondiales font des millions d’audiences. Pourtant, si la discipline est un sport officiellement mixte, les femmes sont laissées à la marge. Pour les mettre en avant, les Valorant Game Changers ont été créés.
Il est 9h, aux assises du journalisme de Tours quand Paul Arrivé et Romain Albesa dit « Calean » prennent place. L’un est journaliste spécialisé esport pour le journal l’Equipe, le second est le manageur de Solary, l’une des plus grosses structures esport en France. Les quatre intervenants de cette conférence dédiée au traitement de l’esport dans les médias ne sont que des hommes. On pouvait s’y attendre. Mais c’est finalement la phrase du présentateur qui nous a fait tiquer : « On dit les joueurs, on accorde au masculin mais bien-sûr on parle des femmes aussi. » Autrement dit, on sait que les femmes existent, mais on ne les visibilisera pas. Elle fait strictement écho à une réalité de l’esport : « On fait un sport mixte, mais il n’y a que des hommes dans nos équipes. »
« On estime qu’elles sont 7% »
Effectivement dans le milieu de l’esport les femmes sont encore très largement en sous-nombre. « On estime qu’elles sont 7%. C’est vraiment peu. On parle souvent du milieu militaire comme le milieu le plus masculin, mais même dans le milieu militaire, les femmes représentent 12% des effectifs », souligne Romain Albesa. Les femmes sont sous représentées dans ce milieu, notamment à cause du harcèlement, du sexisme et de la misogynie qu’elles peuvent subir.
Les Valorant Game Changers
Le jeu Valorant est un célèbre jeu de tir à la première personne en multijoueur développé par Riot Games. Sorti en 2020, il rencontre un vif succès ainsi que ces compétitions. Mais, vient alors l’idée de créer une compétition spécialement pour les joueuses. Les Valorant Game Changers naissent en 2021. Annoncée par Anna Donlon, productrice exécutive du jeu, cette compétition vise à « créer de nouvelles opportunités et donner plus de visibilité aux femmes et aux autres genres marginalisés de la communauté. »
En France, une majeure partie des structures d’esport a créé une équipe dédiée pour cette compétition, à l’instar de la Team Vitality et de la Karmine Corp. Pour Romain Albesa : « Les choses changent petit à petit, c’est bien d’avoir un circuit féminin pour que les femmes évoluent dans une sorte de safe space. »
Une meilleure représentation des joueuses dans la presse
Ces dernières années, les compétitions réservées aux femmes et aux minorités de genres se sont développées à l’instar des Valorant Game Changers. Pour Paul Arrivé, journaliste spécialisé esport au journal l’Equipe, « C’est une bonne nouvelle. Nous, ça nous a permis de créer des plateformes concrètes, de traitement de l’esport au prisme féminin ».
L’impact de ce genre de compétition permet aussi aux journalistes d’offrir une plus grande exposition aux joueuses, qui sont présentes en réalité depuis le début de l’esport.