Lukas Jee devant son matériel de beatmaking

Lukas Jee devant son matériel de beatmaking (Crédit : Erwan CLER)

Lukas Jee, chef d’un orchestre en solitaire

À l’approche de la fin d’une année ponctuée par son projet triptyque « Spleen », le jeune rappeur Lukas Jee compose la troisième et dernière partie dans son studio en périphérie de Besançon. Un lieu atypique à l’image de sa musique : authentique et personnel. Rencontre avec un solitaire passionné.

Beaucoup de rappeurs se disent authentiques, mais rares sont ceux qui comme Lukas Jee installent un studio dans le sous-sol de la maison de leur arrière-grand-mère. Le franc-comtois en a fait un lieu d’intimité et de création avec des guitares accrochées aux murs et une cabine d’enregistrement dans un coin du garage.

C’est là qu’il a produit « Spleen » et sa suite « Spleen – La fusion ». C’est également ici que se prépare le troisième EP de la trilogie prévu pour fin décembre 2023. Un travail qui prend du temps, car Lukas Jee tient à avoir le contrôle total : « je veux faire mes chansons de A à Z, pour qu’elles soient vraiment à mon image ». Ce ne sont pas des paroles en l’air. Il compose l’instrumental, écrit ses textes, les interprète, mixe et ajoute même des solos de guitare quand l’envie lui en prend. Une manière de faire facilitée par de nombreuses années de pratique. À 23 ans, le rappeur fait de la guitare depuis 12 ans, du solfège depuis huit ans et joue également de la batterie. Les deux premières parties de « Spleen » ont donc été enregistrées majoritairement en solitaire.

« J’écris, car je suis timide et ça me permet de dire des choses que je ne saurais pas dire à l’oral. »

Lukas Jee

Lukas Jee admet que c’est également une solution de confort pour lui, notamment à cause des paroles : « j’écris, car je suis timide et ça me permet de dire des choses que je ne saurais pas dire à l’oral ». D’ailleurs, écrire des textes n’entrait même pas dans les plans du jeune homme lorsqu’il a appris à composer en 2020, mais il explique avoir ressenti le besoin de le faire.

Une nécessité d’écrire qui pousse le jeune artiste à parler de lui et de ses sentiments envers ses proches, ce qui peut rendre délicat l’enregistrement : « des fois, des amis viennent au studio et j’aime ça, mais je suis plus performant tout seul. Même s’ils ne me jugent pas, je peux vite être gêné et me brider dans la création ». Pour autant, il reconnaît l’importance de leur avis et cultive le paradoxe en expliquant que rien n’est plus inspirant que d’échanger avec des personnes extérieures, qu’elles connaissent sa musique ou non.

« Je ne veux pas faire du rap qui existe. »

Lukas Jee

C’est aussi un moyen pour lui de vérifier une qualité qu’il juge importante dans sa musique : la singularité. « Je ne veux pas faire du rap qui existe », explique-t-il catégoriquement. Lukas Jee admet cependant la difficulté de suivre cette direction sans faire quelque chose d’inaccessible ou de trop « niche ».

Pour « Spleen », Lukas Jee a trouvé une idée qui colle parfaitement à son envie de fabriquer ses projets du début à la fin : y ajouter des interludes par le biais de voix off. Le résultat donne alors aux EP une vraie profondeur grâce au récit d’une planète métaphorique qui, après sa découverte lors du premier opus, connaîtrait une fusion par la suite avant de finir par une explosion. Dès l’introduction, on est plongé dans une ambiance pesante et qui donne envie de savoir la suite, et la manière dont l’artiste va rendre cela musical. Le jeune rappeur livre une véritable saga cinématographique qui se conclura donc fin décembre avec un dernier EP.

Erwan CLER

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.