Portrait noir et blanc de Marie-Amandine Vermillon, cofondatrice de Bellebouffe

Marie-Amandine Vermillon, cofondatrice de Bellebouffe (Crédit : Camille Aubertin)

Marie-Amandine Vermillon, le temps d’une bouchée

À l’aube du festival Bouillon de Cultures, la cofondatrice de l’association BelleBouffe est devenue une des figures importantes de l’alimentation durable de la région lyonnaise. Depuis 2018, Marie-Amandine Vermillon place la justice alimentaire au centre de sa vie. 

Emmitouflée sous un grand manteau gris, trois pulls et une grosse écharpe, Marie-Amandine Vermillon fend le vent automnal des pentes de la Croix-Rousse et s’excuse : « J’ai du retard…. Trois minutes tu dis ? Je suis habituée à plus. On se met à l’intérieur ? J’ai un peu froid. » De toute évidence.

En entrant dans l’épicerie des Halles de la Martinière, musique des années 80, cliquetis de verres et rires des habitués résonnent. Coup du destin, c’est ici qu’elle et son collègue Martin évoquent en 2018 l’idée de lancer leur association, lassés de leur travail chez le Tuba, lieu d’innovation lyonnais dédié à la ville intelligente.

Une alimentation saine accessible à toutes et tous

« À mon sens, des problèmes complexes et globaux ne peuvent pas être résolus avec une approche individuelle. C’est ce qui nous manquait. On voulait aller plus loin dans l’engagement pour une transition écologique et solidaire », affirme-t-elle en buvant une limonade. « C’est comme ça que BelleBouffe est née. » Contraction entre Belleville, le projet d’études de son collègue, et de l’argot « pour rendre la nourriture accessible et populaire », Bellebouffe milite pour une alimentation saine et variée, accessible à toutes et tous. 

Des problèmes complexes et globaux ne peuvent pas être résolus avec une approche individuelle.

Psychologue sociale de formation, cofondatrice d’une association et cogérante du tiers-lieu Le Faitout avec l’association d’accueil de personnes réfugiées Singa à Oullins, sous ses airs de personne réservée, Marie-Amandine Vermillon navigue avec brio à travers ses projets. Seul le repos lui échappe encore.

Un quotidien rythmé par ses engagements

Quand le sujet de la charge mentale arrive sur la table, elle trahit sa nervosité, ses doigts agitant fébrilement la cuillère dans son verre. « Je compte mes week-ends. Ça peut paraître bizarre mais je me félicite quand j’en ai un entier pour moi. Depuis septembre j’en ai eu trois. Pas mal non ? » Pas question d’avoir « coup de mou » pour la brune hyperactive et hyper-engagée, même si le temps lui manque parfois. Un temps qu’elle aimerait prendre pour endosser à nouveau son rôle de chercheuse en psychologie sociale, ou pour passer des journées à flâner dans les librairies à la recherche de ses auteurs et autrices préférées.

Mais vite, l’heure tourne. Marie-Amandine Vermillon doit repartir pour préparer l’événement co-organisé par Bellebouffe, le festival Bouillon de Cultures, qui célébrera la la diversité alimentaire, accompagné de 11 autres associations lyonnaises le premier week-end de décembre à la Cité Internationale de la Gastronomie.

Alors que nous quittons l’épicerie, laissant derrière nous rires des habitués et mélodies des années 80, Marie-Amandine reprend le cours de ses engagements. La charge mentale peut être une compagne constante dans le monde associatif, mais c’est pour elle le prix à payer pour porter la cause qui l’anime, la justice alimentaire. Une révolution lente, où chaque bouchée devient une action engagée pour la solidarité.

Camille Aubertin

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.