Une ambiance électrique à Lyon pour la fête de la réparation de l’Atelier Soudé

Ce samedi 4 novembre se tenait à Lyon « Un petit R de battle ». L’événement organisé par l’Atelier Soudé proposait divers ateliers pour s’initier à la réparation d’objets électroniques ainsi qu’une battle de réparateurs aguerris. L’occasion de sensibiliser au réemploi et à l’obsolescence programmée dans une ambiance conviviale. Reportage.

Il faut avoir entendu parler de l’événement pour y assister. Seules de petites affiches dans la cour indiquent que se déroule ce samedi 4 novembre « Un petit R de battle », fête de la réparation. Les festivités se déroulent au Croiseur à Lyon, lieu culturel où l’organisateur, l’Atelier Soudé, a pris ses quartiers. Crée en 2015, l’association s’est donnée pour mission la lutte contre l’obsolescence programmée, les déchets électroniques et milite en faveur du réemploi. Pour mener à bien ces objectifs, elle propose des ateliers ludiques lors de ses événements. De quoi sensibiliser tout en s’initiant dans une ambiance familiale.

« Il ne faut pas venir simplement pour faire réparer son objet, mais pour le partage.»

Florence, habituée des événements de l’association

En arrivant au Croiseur, de petits écriteaux indiquent que la pièce du fond s’est transformée en établi géant. Une légère odeur de White Spirit se mélange à celle de la soudure. Tout le monde est attablé autour de tables-atelier qui grouillent d’objets à réparer, d’outils et de pièces détachées. L’ambiance est conviviale et intergénérationnelle, on s’interpelle d’une table à l’autre pour partager ses idées et connaissances.

Impossible de connaître la fonction de chaque outil sans faire partie des professionnels de la réparation. Mais lorsqu’on aperçoit Philippe, c’est certain, il est des leurs. Les sourcils froncés, ce bénévole se penche sur la machine Nespresso de Florence. L’opération semble délicate. « Il m’a annoncé 10 % de réussite pour les machines à café » déclare Florence. Ils n’en viendront pas à bout, mais l’habituée des événements de l’association reste ravie. « J’ai déjà réparé un micro-onde et un grille-pain grâce à eux. Il ne faut pas venir simplement pour faire réparer son objet, mais pour le partage. Il y a la récompense de l’avoir fait soi-même et d’avoir le luxe de prendre ce temps ».

Ici, tout le monde s’accorde sur un point : il y a des objets faits pour être réparés et d’autres pour ne pas l’être. Jean-François, bénévole de longue date et membre du conseil collégial, en est ennuyé : « Depuis quelque temps, on est victime de notre succès. Les ateliers de co-réparation se transforment en service après-vente, les gens ramènent leur objet cassé dans le seul but qu’on le leur répare, ils n’ont pas la volonté d’apprendre ou de changer leur consommation. On aimerait donc agir en amont dans la chaîne de production, dès la conception, pour créer des objets pensés pour être réparables ». Il rappelle la raison d’être de l’événement : « Former à la réparation, c’est donner de l’autonomie et le réflexe de ne pas jeter. Il faut avoir en tête que notre objet cassé peut être réparé et avoir de l’utilité pour quelqu’un d’autre ».

Linus et Populu, un projet au cœur de l’événement

S’il y a bien un objet électronique qui est pensé pour être monté, démonté et modifié, c’est l’ordinateur, surtout quand il est fixe. Le projet Linus et Populus de l’Atelier Soudé est aussi présent et les bénévoles y proposent une initiation à la réparation d’ordinateurs, du diagnostic à la configuration. Damien, salarié de l’Atelier Soudé, explique : « C’est un procédé simple, qui est accessible à tous. Pour preuve, je ne suis pas un professionnel, j’ai appris en autodidacte en regardant des vidéos tutoriels sur Internet ». La suite de l’atelier se déroule à l’extérieur, où l’odeur de la bombe de peinture y a balayé celle de la pluie. La décoration des bornes d’arcades se finalise. Celles-ci ont été entièrement fabriquées aujourd’hui. La console n’est rien d’autre qu’un vieil ordinateur réparé par Damien, et la structure, une création à partir d’encombrants trouvés dans la rue.

Un duel acharné entre tournevis et visseuse 

En fin de journée, la pièce accueillant les ateliers est vidée et des tribunes y sont déployées. Le présentateur entre sur scène et proclame : « Vous allez assister à une première mondiale sous vos yeux ébahis : la première compétition de réparation d’objets électroniques ». Pendant 45 minutes, deux équipes s’affrontent à coup de visseuse, tournevis et appareil à souder pour réparer le plus d’objets possibles. Une bataille rude, durant laquelle fuse un jargon inconnu des spectateurs (connectique, charbonnage, tournevis fourche…) que tentent d’expliquer les commentateurs. Un match serré, d’autant plus que certains objets s’annoncent finalement irréparables. Le jury fini par trancher : « Ce que nous enseigne la réparation, c’est que nous ne savons jamais ce qui nous attend et qu’il est donc difficile de faire une répartition des points ». L’égalité est déclarée. La compétition n’a peut-être pas lieu d’être dans la réparation, il faut rester soudé.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.