Le télévision est-elle vraiment menacée?


molotov
Après David Bowie, Alan Rickman ou Michel Galabru, le caractère mortifère de ce mois de janvier 2016 nous pousse à nous inquiéter pour la télévision, toujours présentée comme moribonde. Obligé de se réinventer sans cesse, mais jamais enterré, comment le petit écran (l’historique) survit-il à toutes ces annonces de décès ? Quelles sont les innovations qui le menacent ?

Reed Hasting, PDG de Netflix, avait déclaré qu’il ne restait que quelques années à la télévision traditionnelle. Plus tard en 2015, c’est au tour de Pierre Lescure, l’ancien patron de Canal+, et Jean-David Blanc, le fondateur d’AlloCiné de douter de la pérennité de ce modèle dans Le Monde : « le zapping, inventé à trois chaînes, devenu ludique à six, quasi sportif à douze, est devenu impraticable à vingt-cinq et carrément ridicule à cent cinquante ou deux cents ». Ils titrent leur chronique : « La télévision est morte, vive la télévision ! ».

Double sens : ils affirment que le problème n’est pas l’offre, mais le mode de distribution. Leur chronique était un effet de publicité à peine déguisé pour leur plateforme d’agrégateur de chaînes de télévision, Molotov TV, dont le lancement a été annoncé un peu plus tard. Ce service proposera plus de 80 chaînes gratuites et payantes. Ils ont trouvé un accord avec tous les grands acteurs du paysage visuel, sauf ceux du groupe Canal. Une telle innovation devrait aider les chaînes à se réinventer en réaffirmant leur présence sur le net via un format totalement différent.

Capacité d’adaptation

Jusqu’à aujourd’hui, la télévision s’est plutôt bien adaptée aux nouveaux enjeux et aux nouvelles contraintes qui se présentaient à elle. Des acteurs qui prédisaient sa disparition prochaine ont dû reconsidérer leur jugement. Le site La Fabrique de l’info explique par exemple qu’elle a profité avec brio du phénomène des réseaux sociaux.

Aujourd’hui le mot « délinéarisé » revient très régulièrement lorsqu’on fait de la veille internet sur ce thème. C’est un des nouveaux enjeux qui entoure l’offre télévisuelle, qui motive le lancement de Molotov TV ou qui fait le succès de Netflix, AwesomenessTV ou Twich : la vidéo à la demande (VOD). On veut se libérer des grilles de programme.

L’enjeu du smartphone

Le développement du numérique sur mobile représente un nouveau défi pour la sphère télévisuelle. Selon Eric Scherer directeur de la prospective à France Télévision, « le mobile est devenu le premier écran ». « Le smartphone se substitue en partie à la télé car il change le rapport classique à l’écran, en le rendant plus intime », estimait Bruno Patino, directeur général délégué aux développements numériques de France Télévision, dans Le Monde en juin dernier. Devant l’émergence de ce nouvel écran, la télévision fait encore parler son pouvoir d’adaptation.

En 2015, France Télévision a lancé son application France TV Zoom, ou l’on peut sélectionner et regarder les émissions qui nous intéressent. L’application combine la dimension smartphone et VOD. Pour Rémy Pfimlin, président de France Télévision à l’époque : « c’est une nouvelle offre qui nous permet de nous inscrire dans le temps et d’être conformes à l’évolution des usages. »

Si la fin de la télévision classique semble vraisemblable, la capacité de réinvention des chaînes de télévision rend peu probable la fin de la télévision. Le replay, la télévision de rattrapage, la VOD qui comprend les chaînes classiques, et les applications mobiles continuent d’assurer la pérennité de l’offre télévisuelle. Les journaux peuvent donc ranger leurs oraisons funèbres pour cette année.

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Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.