Le Web-documentaire VS le documentaire interactif

© www.cabaroc.com
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Communément, sur internet, le documentaire est résumé à la pratique du « webdoc ». Or les auteurs bataillent pour renouveler le genre et l’adapter à ce support. Web documentaire et documentaire interactif, que sont-il ? Peuvent-il donner un second souffle au documentaire ?

Internet, plateforme de diffusion

Web-documentaires et documentaires interactif ne désignent pas une seule et même réalité. Dans le premier cas il s’agit de documentaires sur le web. Envisagé comme plateforme de diffusion, le web n’a finalement pas d’impact sur le genre documentaire. Et on trouve ainsi pléthore de documentaires pensés pour les écrans de cinéma ou de télé sur le web. La forme n’est en rien spécifique. Bien sûr le web comme plateforme de diffusion influe sur les modèles économiques. En soi, une influence tout sauf négligeable pour ne pas dire « disruptive » qui offre des possibles nombreux aux créateurs et aux structures de production légères (pour ne pas dire petites, indépendantes et engagées).

En tant qu’outil d’écriture, le web a des spécificités (hypertexte, multimédia, temps réel et bien sûr interactivité) susceptibles d’altérer la forme documentaire. Dans un article de 2012 sur le blog du Open Documentary Lab du MIT, Katie Edgerton se pose la question de ce que le web peut amener au genre documentaire : « Qu’est-ce que le web fait bien ? Il peut gérer de grands ensembles de données. Il peut  rendre cela facile pour beaucoup de gens, dans des endroits divers, et nous faire interagir les uns avec les autres. Il permet une distribution immédiate, la diffusion, ainsi que l’affichage en temps réel. La contribution collaborative peut se produire en un clin d’œil. » (traduit de l’anglais).

Interactif et interécrans

De son côté, le documentaire interactif constitue une catégorie plus large, et en termes conceptuels déplace le regard pour le situer non plus au niveau du support mais au niveau de la relation public / oeuvre / auteur. Pour autant, documentaire interactif et web documentaire se distinguent-ils en termes formels? Oui, dans la mesure où ne se limitant pas à une plateforme mais se déployant sur de multiples supports numériques et non-numériques (dans une logique transmédia ou non), le documentaire interactif offre une infinité de possibles dont des formes plus « narratives » au sens « filmique » du terme. Il est aujourd’hui de plus en plus utilisé comme moyenne communication de la part des ONG humanitaires (dont Médecin sans frontières via Urban Survivors), qui cherchent à sensibiliser les internautes en leur laissant « vivre » une expérience.

Le développement de la télé connectée, l’explosion des réseaux sociaux et de l’usage des écrans mobiles pour l’accès aux biens culturels invite diffuseurs et producteurs de programmes à développer de plus en plus pour deux écrans, y compris en matière de programmes documentaires et assimilés (reportages d’investigation), donnant naissance à des formes nouvelles où l’interaction avec le public (et au sein du public) joue un rôle clé. Par exemple, les tablettes, entre livre numérique, console de jeux et écran, sont de plus en plus utilisées pour le visionnage de vidéos. La durée de visionnage y serait en moyenne 21% supérieure à celle constatée sur écran d’ordinateur, selon une étude de fin 2011 de la société Ooyala. Enfin, les vidéos consultées seraient en moyenne plus longues et si les grands écrans restent le choix premier pour le visionnage de vidéos longues, les tablettes enregistrent la plus forte croissance pour l’accès à des contenus vidéos.

 

Le web-documentaire, en cherchant sa place sur internet a échoué en ne se servant de cet outil que comme un moyen de diffusion (à l’image de la presse écrite). Mais cet échec a donné naissance au documentaire interactif, créé pour internet et s’adaptant aux objets connectés, qui laisse aux internautes la liberté de pouvoir participer.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.