Hyper Cacher : les ex-otages retirent leur plainte contre BFM TV

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Capture écran de BFM TV durant l’assaut contre l’Hyper Cacher.

 

Finalement, l’histoire s’arrêtera là. Presque un an jour pour jour après les attentats perpétrés contre l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, les ex-otages qui accusaient BFM TV de les avoir mis en danger ont retiré leur plainte. Un accord a en effet été trouvé avec la chaîne d’informations ce jeudi. Explications.

Nous sommes le 9 janvier 2015. Alors qu’il a déjà tué une policière de 26 ans la veille, Amedy Coulibaly commet une prise d’otages dans une supérette parisienne. Depuis le début des attaques, qui ont débuté le 7 janvier dans les locaux de Charlie Hebdo, BFM TV est sur le qui-vive. La chaîne tente d’informer rapidement les français sur l’évolution de la situation. Mais cette fois, elle va faire une erreur. L’assaut n’ayant pas encore été donné, la présence d’otages situés dans une chambre froide est pourtant révélée à l’antenne par le journaliste Dominique Rizet. Une plainte avait alors été déposée le 27 mars par plusieurs captifs du magasin pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Mais l’un des avocats des six ex-otages, Patrick Klugman, a annoncé qu’ils n’iraient finalement pas en justice.

Le mea culpa de la chaîne

« On a vite reconnu que la phrase de l’un de nos journalistes sur la présence éventuelle d’un otage était inopportune », avait tout d’abord déclaré le 27 mars Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM TV, sur le plateau du « Petit Journal ». Dans un communiqué, la chaîne d’informations confesse une nouvelle fois avoir commis une erreur ce 9 janvier 2015 : « dans un souci d’apaisement, BFM TV souhaite réitérer ses plus vifs regrets pour avoir diffusé cette information […] qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour la vie, l’intégrité et la sécurité des otages. » La chaîne adresse également « ses excuses complètes, entières et sincères aux personnes retenues dans l’Hyper Cacher, et plus directement à celles qui étaient cachées dans la chambre froide, ainsi qu’à leurs proches qui ont ressenti une frayeur terrible en voyant cette information diffusée ». Dominique Rizet à quant à lui confié à quel point cet épisode le tourmentait.

Deux annonces phares

Dans ce texte, BFM TV précise aussi la promulgation d’une charte, accessible sur son site, prévoyant qu’en cas de prise d’otages ou d’enlèvement, elle « veillera à prendre toutes les dispositions pour ne pas mettre en danger la vie des otages, des personnes victimes d’enlèvements ou d’attentats, à respecter leur intégrité et la sensibilité de leurs proches ». L’avocat des ex-otages, tout comme Yohan Dorai, l’un d’entre eux, se sont montrés satisfaits de cette décision. Autre point, à la demande des ex-otages, la chaîne versera 60 000 € au Fonds social juif unifié, pour le soutien des victimes du terrorisme. En effet, l’association avait grandement accompagné ces dernières après l’attaque de l’Hyper Cacher.

Trois autres médias, TF1, France 2 et RMC, font toujours l’objet d’une plainte pour les mêmes raisons. Lilian Lepère leur reproche d’avoir mentionné qu’il était otage des frères Kouachi alors qu’ils ignoraient sa présence dans le bâtiment. De l’Hyper Cacher à l’imprimerie de Dammartin-en-Goële, la couverture des attentats de janvier 2015 par les médias français avait été vivement critiquée. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel avait d’ailleurs réuni les responsables des chaînes pour « une réflexion commune ». Le résultat fut sans appel : 15 mises en garde et 21 mises en demeure.

Si l’on peut souligner un meilleur comportement de ces chaînes lors des attentats du 13 novembre, l’attitude des forces de l’ordre et le très large périmètre de sécurité rendaient simplement impossible toute autre conduite.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.