Lentement mais sûrement, la radio passe au numérique

 

(CC) Chia ying Yang
Ancien poste de radio Zenith. Image CC Chia ying Yang.

 

La radio numérique terrestre (RNT) va continuer à se déployer sur l’ensemble du territoire à partir du mois de janvier 2016, pour être disponible dans toute la France à l’horizon de 2023. Comme son homologue la TNT, elle offre plus de choix de chaines, une meilleure qualité d’écoute et surtout une réception constante.

La RNT a été lancée le 20 juin 2014, mais seulement à Paris, Nice et Marseille. Et depuis, pas de grande avancée. Le CSA a dévoilé le 10 décembre 2015 un calendrier de déploiement pour le reste du territoire français. Un système d’appels a candidature par allotissements étendus et locaux a été mis en place. Il s’étalonne jusqu’en 2023. Les villes qui pourront y répondre dès le premier trimestre 2016 sont Lille, Strasbourg et Lyon. Le CSA entend ainsi répondre aux problèmes de fréquences surchargées auxquels les grandes villes sont confrontées. Dans les zones frontalières, la bande passante se partage entre radios françaises et étrangères (belges dans la région Lilloise ; allemande à Strasbourg). La ressource hertzienne y est donc très recherchée.

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Calendrier de déploiement de la RNT. Image CSA.

 

Une mutation source de divergences

Les grands groupes comme BFM, Lagardère, NRJ ou RTL s’opposent à son développement. Et pour cause, défendre la radio numérique, c’est prendre le risque de perdre son audimat et de s’ouvrir à une nouvelle concurrence. Jean-Luc Hees, ancien directeur de Radio France et « aficionado de la radio numérique » y voit quant à lui un gage d’indépendance, de neutralité et de gratuité. Si l’avenir de la radio est sur internet (Webradio, podcast…), ça veut dire que les auditeurs devront payer 30 euros par mois, soit le prix de l’abonnement. Et c’est oublier qu’une personne sur cinq n’a pas accès à internet en France.

Son successeur, Matthieu Gallet semble revenir en arrière et se dit « très réservé » sur la question des coûts et des auditeurs concernés. Mais émettre en numérique, cela coûte moins cher : deux millions d’euros, contre six en FM. Et puis, cela permettrait de mettre fin à la guerre des ondes. A Lyon, le groupe Radio France souhaite depuis des années ouvrir une nouvelle station France Bleu sans y trouver de fréquence émettrice. Il pourrait profiter du développement de la RNT pour s’implanter dans la troisième plus grande métropole française. La RNT permettrait à des radios comme FIP qui ne dispose que de dix fréquences d’élargir sa couverture. D’autres radios comme Nova prennent le parti de l’innovation et postulent à tous les appels d’offre lancés par le CSA.

La RNT n’entend pas pour autant se substituer à la radio sur bande FM. Elle constitue une offre alternative mais ne peut pas remplacer la diffusion en modulation de fréquence pour l’instant. Il s’agit d’une amélioration qui permettait une diversification de l’offre radiophonique. Pour l’instant, à Paris, la majorité des radios diffusées sur la RNT sont des radios associatives (Radio Mandarin Europe, Radio Campus…) ou commerciales (Oüi FM, Radio Latina…).

La technologie DAB+, l’avenir de la radio ?

La transmission de la RNT se fait grâce au système de radiodiffusion numérique DAB+. Il permet d’augmenter l’offre de station radio selon le principe du multiplexage et de proposer un signal de meilleure qualité sonore. La réception est constante même lorsque l’auditeur est en mouvement. Il n’y a pas d’interférence, ni de bruit de fond dans le signal.  Un autre atout est l’enrichissement des programmes (textes, images, informations) de manière plus fiable et précise que le Radio Data System (RDS) qui n’a jamais très bien marché. Comme la TNT, il permet la réécoute d’émissions en différé, leur enregistrement ou la mise sur pause du programme.

Mais pour avoir accès à la RNT, les utilisateurs doivent s’équiper d’un récepteur compatible avec la norme DAB+. Un coût minimum de 50 euros.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.