Traitement médiatique des émeutes en banlieue : “il faut des journalistes sur le terrain”

Le 26 mars à 11h, c’est l’évènement de la mort de Nahel et son traitement dans les médias qui a été abordé aux assises internationales du journalisme de Tours. Au sein de la conférence, tous pointaient du doigt l’importance de faire venir les journalistes sur le terrain.

Ce sont Akli Alliouat, directeur de Kaïna TV, Héléna Berkaoui, rédactrice en cheffe du Bondy Blog et Erwan Ruty, auteur de « Une histoire des banlieues françaises » qui ont pris la parole pour aborder le traitement des sujets des émeutes et des violences policières dans les médias. Le but de la rencontre était de discuter des leçons à tirer de ces évènements suite à la mort de Nahel, 17 ans, tué par la police en juin 2023.

« Il ne faut pas chercher ce qu’on a envie de montrer mais simplement dire la vérité. Être honnête est le plus important »

Héléna Berkaoui

Le constat principal, c’est l’écart trop grand entre les médias et leur sujet sur ce type d’évènements. Héléna Berkaoui insiste sur l’importance du journalisme de terrain, encore plus sur ces problématiques. En effet, il est d’après elle indispensable de donner la parole aux habitants de ces quartiers en crise et de prendre leur témoignage pour les laisser s’exprimer. « Il ne faut pas chercher ce qu’on a envie de montrer mais simplement dire la vérité. Être honnête est le plus important » exprimait-elle. Les médias ne sont pas là pour donner leur avis mais pour faire entendre la voix des gens.

D’après Erwan Ruty, c’est la violence qui répond à la violence. La mort de Nahel est un évènement récent, mais la violence s’accroît depuis de nombreuses années déjà. La comparaison est d’ailleurs souvent faite avec les révoltes de 2005 à Clichy-sous-Bois. Depuis ses évènements, la dégradation est partout : autant dans la qualité de vie en banlieue que dans leur traitement médiatique. On ne sait pourquoi l’affaire Nahel a retentit à ce point, mais il est important de noter qu’en 2022, 15 personnes ont trouvé la mort suite à un refus d’obtempérer. Ces 15 cas ont été peu, voire pas médiatisés.

Face à tout ça, les grands médias traitent le problème en surface et sont trop éloignés de la réalité des évènements. « Les médias ne vont en banlieue que lorsque ça pète. En réalité, il faudrait y aller dans les moments de calme, pour montrer la réalité de la vie en banlieue » nous confie Nordine Nabili, responsable du master journalisme de l’IHECS. Nous avons posé à ce dernier trois questions sur le sujet :

D’après M. Nabili, en n’étant pas assez proche du terrain, les médias participent à cette stigmatisation des jeunes de banlieues. Cela provoque une baisse de l’empathie de la société envers ces jeunes en révolte qui ont pourtant besoin d’être écoutés. Face aux récents évènements qui concernent des agricultures, on se demande alors quelle colère est légitime et quelle colère ne l’est pas. Tout dépend finalement de la représentation de cette colère que l’on a à disposition.

Vous pouvez également retrouver notre décryptage sur les violences policières dans les médias ici.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.