Attentats : quand les médias retiennent la leçon

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Capture d’écran de BFM TV durant l’assaut au Bataclan.

 

Plus de onze mois se sont écoulés entre la tuerie de Charlie Hebdo, et celle qui vient de toucher Paris, le vendredi 13 novembre. En janvier, le Conseil supérieur de l’audiovisuel avait été particulièrement critique envers les chaînes d’informations concernant leur couverture médiatique des évènements. Quelle attitude ont-elles cette fois adoptée ? Tour d’horizon.

Nous sommes le 7 janvier 2015, après la tuerie de Charlie Hebdo, les frères Kouachi sont en cavale. Alors qu’ils sont retranchés dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële, de nombreux médias diffusent des témoignages suggérant qu’un employé se cache à l’intérieur, à l’insu des deux frères. Ce dernier avait d’ailleurs porté plainte sept mois plus tard pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Dans le même temps, lors de la prise d’otages à l’Hyper Casher de la porte de Vincennes par Amedy Coulibaly, BFM TV évoque la présence d’individus dans la chambre froide avant leur libération. Eux aussi avaient ensuite porté plainte. Le 15 janvier, le CSA avait alors réuni les responsables des chaînes pour « une réflexion commune ». Le résultat est sans appel : 15 mises en garde, 21 mises en demeure. « Atteinte au respect de la dignité de la personne humaine », « non-respect des obligations relatives à l’ordre public », les reproches à l’égard des médias sont nombreux.

L’avertissement du CSA 

Alors que de nouveaux attentats ont touché Paris le 13 novembre, le CSA a cette fois pris les devants. Dans une note adressée aux rédactions françaises, le Conseil supérieur de l’audiovisuel a mis en garde l’ensemble des médias sur la couverture des attentats parisiens : « Le Conseil supérieur de l’audiovisuel attire très vivement l’attention des rédactions des télévisions et des radios sur la nécessité de ne donner aucune indication susceptible de mettre en cause le bon déroulement des enquêtes en cours dans les circonstances tragiques que vit notre pays », peut-on lire.

Dès 23 heures, les chaînes enchaînent témoignages, interventions d’experts et images de la capitale. Mais pas une seule ne retransmettra en direct l’assaut donné contre les terroristes retranchés avec de nombreux otages dans le Bataclan. Toutes ont respecté la demande des autorités de ne pas diffuser d’images de la façade de la salle de spectacle parisienne, pour ne pas compromettre l’opération en cours. « Les images que vous voyez en ce moment ne sont pas en direct et c’est volontaire […] Pour des raisons de sécurité, évidemment, chacun comprendra »prévient notamment Bruce Toussaint sur iTélé. À l’écran, seuls les pompiers et les policiers apparaissent. Il faudra attendre 1 h 10 pour découvrir les premières images de l’assaut autour du Bataclan. Dans l’ensemble, les chaînes d’informations semblent donc avoir tiré les enseignements des sanctions du CSA.

Cependant, de nombreuses critiques ont tout de même été faites au monde du journalisme. Sensationnalisme, voyeurisme, images choquantes, tels sont les reproches qu’ont reçus les médias après les attentats. La liberté de la presse est pourtant un droit constitutionnel. Les journalistes ont le devoir d’informer avec rigueur et précision. Mais il ne faut pas pour autant oublier les familles des victimes, et respecter une certaine intimité.

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Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.