Étudiants et journalistes, rien ne va plus au Québec (2/2)

Depuis quelques mois, les étudiants québécois se mobilisent contre les mesures d’austérité imposées par le gouvernement provincial de Philippe Couillard. Manifestations, occupations des établissements, blocage des cours… de quoi alimenter les journaux qui relaient l’action étudiante. Et pourtant, difficile de manquer les tensions que la couverture médiatique du mouvement a distillée entre étudiants et journalistes…

Face à un traitement médiatique qu’ils jugent injustes et préjudiciable pour la cause étudiante, une nouvelle stratégie est mise en place : le silence. Une nouvelle mesure est prise par quelques assemblées générales étudiantes : le huis clos médiatique. Plus question pour eux de s’adresser à cette presse qui les traitent si mal… Une mesure accueillie plutôt froidement par les journalistes québécois.

https://twitter.com/julie_marceau/status/587586981883990016
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Et l’information dans tout ça ?

Des journalistes victimes de  violences, des mesures de silences aux médias… Dans ce conflit qui oppose étudiants et journalistes, l’information semble être la principale victime.

Les journalistes se défendent d’avoir un parti pris quelconque dans le traitement qui est fait du mouvement étudiant. Mais au delà de cette incompréhension qui semble être réciproque, l’inquiétude pèse aussi sur la manière dont les journalistes vont pouvoir continuer leur travail sur le sujet des mouvements étudiants. Comment alimenter l’information, si les étudiants refusent désormais de communiquer ?

Il faut rappeler aux manifestants que la liberté de la presse découle de la liberté d’expression.

Lise Millette, présidente de la Fédération Professionnelle des Journalistes du Québec

Pour toute la profession, pas question de justifier d’une quelconque manière les violences perpétrées sur les journalistes dans le cadre de la couverture de manifestations étudiantes. Toutefois, Lise Millette tente de justifier la difficulté du travail journalistique, et l’objectivité sensé en découler :

On peut être en désaccord avec une couverture journalistique, mais ça ne justifie en rien d’intimider les journalistes. Certains manifestants ne semblent pas comprendre le travail de journaliste. Les journalistes sont pris entre l’arbre et l’écorce, entre les policiers et les manifestant. Selon ce qui est rapporté, à ce moment là, on devient des antagonistes ou des sympathisants. Le journaliste n’a pas, par définition, à prendre position dans un conflit.

Lise Millette

Et face à ce capharnaüm politique, pour la FPQJ, la solution ne doit pas se trouver dans le silence. Au contraire : « ne faites pas en sorte de taire votre voix. Au contraire, exprimez-vous », estime Lise Millette interrogée par Radio-Canada.  « Faites en sorte qu’on comprenne vos revendications, rompre tous les canaux de communications ne va servir aucune cause. »

Et si justement la solution se trouvait dans la machine médiatique même ? C’est en tous cas ce que pensent des étudiants de l’UQAM… Dans une lettre ouverte publiée par le journal Le Devoir, ces étudiants répondent à la journaliste Josée Boileau, qui avait publiée un édito qui ne les avait pas laissé indifférents. « Nous sommes lassé-e-s par le constant décalage entre les descriptions de notre université véhiculées par des médias en manque de sensations fortes et la réalité de celles et ceux qui y évoluent » écrivent-t-ils. un moyen plus digne, sinon plus efficace, pour parler de la cause estudiantine.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.