Le Cloud Gaming, ici Stadia, permet de jouer sans console de jeux.

Cloud Gaming : malgré les promesses, le bilan reste mitigé.

Le 19 novembre, Google a lancé la bêta de Stadia, sa plateforme de jeux vidéo en ligne. La promesse du « gaming du futur » s’est heurtée à des contraintes techniques trop importantes pour pleinement convaincre son public.

Imaginez jouer au dernier gros jeu vidéo sur votre smartphone. Imaginez ne plus avoir besoin de mettre son compte bancaire dans le rouge pour profiter d’une expérience de jeu optimale. Le Cloud Gaming prétend répondre à ces besoins. Le principe ? Acheter un simple abonnement à un service en ligne pour obtenir monts et merveilles. Plus besoin de s’encombrer de consoles ou de tours d’ordinateurs. Le matériel est géré et stocké par une entreprise, qui vous y donne accès grâce à une connexion internet.

« La tendance n’est plus à la possession »

Pourquoi entreprises et développeurs essaient autant de faire naître le Cloud Gaming ?

Tout d’abord, c’est un projet dans l’air du temps. Avec Netflix et Spotify, nous nous dirigeons de plus en plus vers une consommation à la demande et illimitée. « La tendance n’est plus à la possession mais à l’utilisation » explique Thomas Grellier, co-fondateur de L’Ecole du management des énergies créatives dans son interview au Monde. Le jeu vidéo ne s’y était pas encore mis et la transition semblait logique. Les jeunes préfèrent aujourd’hui payer un abonnement que d’acheter des CD de musiques, pourquoi achèteraient-ils des jeux ?

De plus, pour l’utilisateur c’est un gain de temps et d’argent important. Un pc gamer coûte aujourd’hui minimum 1 000 euros, pour une configuration correcte, et doit être régulièrement mis à jour pour être performant. Un budget que tout le monde ne peut se permettre, passionné ou non. Google Stadia a été annoncé à 129 euros pour avoir le matériel de base auquel un abonnement de 10 euros par mois se rajoute afin de profiter de l’ensemble des fonctionnalités. Ce qui revient à sept années d’utilisation pour dépasser le prix d’un pc gamer. Et pas besoin d’avoir des connaissances en maintenance ou suivi de la configuration.

Le développement du Cloud Gaming intervient enfin dans un contexte où nous sommes de plus en plus connectés et plus en plus performant technologiquement. La 5G commence à arriver en Europe et la Chine a récemment annoncé travailler sur la 6G. Là où il y a quelques années encore, un tel projet semblait impossible, notre constante amélioration technique ne fait que le rendre plus réaliste… pour ceux ayant le bon abonnement internet.

Un projet encore en avance sur son temps

Malgré les investissements, le lancement de Stadia ne correspond pas aux attentes de Google ont appris des journalistes spécialisés auprès de sources proches.
Tout d’abord, malgré une grande évolution technique, le Cloud Gaming n’est pas accessible à tous. Pour accéder à ce service, il faut une connexion internet haut voire très haut débit. En effet, en temps réel et en permanence, vous et le serveur devez communiquer pour transmettre les images, le son, le déplacement de votre personnage, … Jeuxvidéo.com a relevé que l’expérience Stadia était possible dès 15Mb/s -soit une bonne connexion internet-  à condition de jouer en 720p (c’est-à-dire une petite qualité d’image aujourd’hui). Un débit qui semble peut-être normal pour les citadins, mais qui reste une utopie pour ceux vivant à la campagne. Au 1er janvier 2019, l’ARCEP (l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes) a affirmé que 15.6 millions de logements étaient éligibles à la fibre (internet à très haut débit), un chiffre bien bas puisque la France comptait 29 millions de ménages en 2015 selon l’INSEE. Sans cette qualité d’internet, le Cloud Gaming est impossible. Les différents tests réalisés par les journalistes ont déjà montré les limites du projet : latence, qualité graphique à revoir, … Or ces tests ont été faits dans des conditions optimales (écran ou téléphone de dernière génération, fibre de très haute qualité). Qu’en sera-t-il du client ordinaire ?

Internet, le nouveau grand pollueur

Un autre aspect vient ternir cette innovation. Comme expliqué auparavant, le Cloud Gaming repose sur de grands serveurs appartenant aux entreprises pour envoyer le jeu demandé au client. Il faut de l’électricité pour alimenter 24h/24 ces serveurs, mais aussi des systèmes complexes de refroidissement. On estime qu’en 2015 en France, la consommation électrique des data centers (là où sont les serveurs) était équivalente à celle de la ville de Lyon. Selon Mr Mondialisation, Internet est le troisième consommateur d’énergie mondiale, après les Etats-Unis et la Chine. Si ce service se développe, d’autres data centers apparaîtront, ne faisant qu’aggraver la santé déjà critique de notre planète. Un fait qui n’est sûrement pas la première raison de la timide avancée du Cloud Gaming mais qui ne vient pas pour autant adoucir son bilan déjà mitigé.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.