Fabien Bagnon candidat EELV dans la circonscription centre aux élections métropolitaines lyonnaise aux côtés de Marylène Millet, militante écologiste de Saint-Genis-Laval. / Photo Twitter

Fabien Bagnon : « Si on n’est pas content des politiques qu’on a, il faut se lancer »

À 44 ans, le Saint-Genois, Fabien Bagnon, se présente aux élections métropolitaines lyonnaises de mars 2020. Il mènera la liste Europe Écologie les Verts dans la circonscription de l’hyper centre de Lyon et sera membre d’une liste municipale à Saint-Genis-Laval. Connu dans la ville comme le porte parole du lobby cycliste et actif dans plusieurs associations, son parcours reflète à lui seul le poids grandissant du vélo dans la capitale des Gaules.

On vous surnomme le Monsieur vélo de Lyon, d’où vous vient cet engouement pour le vélo ?

« J’habite en banlieue de Lyon, à Saint-Genis-Laval, et je travaille à la Part Dieu. En 2012, je me suis mis à utiliser le vélo pour faire les 10,5 km de mon domicile à mon travail. J’ai alors vu tout l’intérêt de ce mode de déplacement. Mais en parallèle, j’ai aussi constaté le manque d’aménagement. Avec des secteurs comme le pont de la Mulatière où il n’y avait pas d’infrastructure pour les vélos. Avec un ami on a alors décidé de constituer un collectif pour faire bouger les choses et porter notre sujet auprès des élus. On a eu un certain succès avec beaucoup de retombées médiatiques, qu’on a bien utilisé car on a compris que c’est ce qui nous ouvrait la porte des élus. »

On vous a vu apparaître peu à peu dans tous les médias lyonnais, puis en octobre dernier vous vous êtes engagé dans la course aux métropolitaines de 2020, qu’est ce qui vous a poussé à franchir ce pas ?

« Je suis identifié comme militant cycliste mais mes premiers engagements, c’était sur les problématiques environnementales. Les marches pour le climat, dans lesquelles je me suis beaucoup investi, ont constitué un gros accélérateur de la prise de conscience populaire de l’urgence climatique mais aussi dans ma volonté personnelle d’agir. Quand j’ai vu qu’en mettant beaucoup d’énergie sur le vélo, ça fonctionnait, je me suis dit qu’il fallait impulser la même dynamique à plus grande échelle. J’ai rapidement été identifié comme l’associatif vélo-climat de premier plan. La multiplication des casquettes et ma forte présence sur les événements a fini par être remarquée par les médias. Jusqu’à ce que Tribune de Lyon titre récemment, Fabien Bagnon en fait-il trop ? Ce qui est au final une très bonne question (rires). Mais quand on fait avancer ses idées, qu’on gagne certaines victoires, on n’a pas spécialement envie de s’arrêter. Les engagements militants ce n’est pas que de l’abnégation. J’ai toujours dit que si on n’est pas content des politiques qu’on a, à un moment donné, il faut se lancer. J’envisageais de le faire plus tard, un peu comme tout le monde j’espérais que les gens le fassent à ma place. J’étais près pour y aller en 2026. C’est clairement l’urgence climatique et qui m’a poussé à m’engager pour 2020. »

Vous regrettez parfois cet engagement, on vous a vu vous exprimer sur Twitter lamentant le bashing sur votre arrivée en politique par ?

« Non je n’ai pas de regrets. Mais c’est vrai que c’est un mode beaucoup plus dur. L’image associative est bonne, celle des politiques, mauvaise. Le fait de passer de l’un à l’autre m’a été un peu reproché mais jamais très méchamment car les gens voient qu’il y a une certaine sincérité derrière. Sur les réseaux sociaux je jouissait d’une certaine impunité de l’associatif, mais là c’est plus critique. Après faut le prendre positivement et je pense que les gens sur les réseaux sociaux devraient plutôt se retrousser les manches et nous rejoindre. »

Vous êtes fervent opposant à l’anneau des sciences, défenseur d’un métro E prolongé jusqu’à Part-Dieu, concrètement quel est l’avenir de la mobilité pour Lyon ?

« Je tiens à préciser que notre plan mobilités sera dévoilé en janvier. La question de l’Anneau des sciences (ADS) est en train de cliver fondamentalement le paysage politique lyonnais, car certains sont encore dans un “en même temps” alors qu’au regard de l’urgence climatique, le en même temps, ce n’est plus possible. Il faut mettre tous les moyens possibles pour les mobilités qui ne génèrent pas de pollution. Ce projet ne fait pas sens, il coûte extrêmement cher et est à l’horizon 2030 au mieux. À Lyon, la voiture, en circulation ou en stationnement, occupe 70% de l’espace de transport alors qu’en terme de part modale, elle ne représente que 26%. Il s’agit de rééquilibrer. Il faut développer des pistes cyclables et aller plus loin que le simple réseau Lyon-Villeurbanne et s’agrandir aux communes de la première couronne. Il nous faut un réseau en toile d’araignée, ce qu’on appelle un réseau express vélo. À l’évidence, il faut également continuer d’aménager les transports en commun. Evidemment c’est cher, c’est souvent à long terme mais c’est important. »

« La question de l’Anneau des sciences (ADS) est en train de cliver fondamentalement le paysage politique lyonnais »

Fabien Bagnon, candidat EELV dans laaux élections métropolitaines lyonnaises.

L’occupation de l’espace public dans l’hyper centre lyonnais sera un enjeu de taille si vous êtes élus en 2020, à quoi ressemble votre Presqu’île idéale ?

« Pour la presqu’île, le concept des villes italiennes me plaît bien. Plutôt qu’une piétonisation, c’est une ville à trafic limité. Ce sont des zones où seules les livraisons, services d’urgences et les résidents ont accès en automobile. C’est un peu ce qui est en train d’être fait avec l’expérimentation de piétonisation de la presqu’île par David Kimelfeld. Et ça, ça règle la question du vélo par exemple. Car dès qu’on aura diminué la présence automobile, ces voiries seront naturellement cyclables, il n’y aura presque pas d’aménagements à faire. L’essentiel de la voirie deviendra ainsi cyclable. »

Le vélo reste l’une des priorités de Fabien Bagnon qui veut que le centre ville de Lyon soit le plus agréable possible aux cyclistes.  Photo Lionel Brossard

Vous faites souvent des références plutôt positives aux réalisation de David Kimelfeld à la Métropole, pourquoi ne pas vous être rangé derrière lui ?

« C’est une très bonne question (rires). Kimelfeld, en tant que militant associatif, on lui a mis une pression pas possible, notamment sur l’ADS, avec un lobbying très fort. Il a pris une décision qui va dans le bon sens donc forcément j’apprécie. Mais pour moi, au regard de l’urgence climatique, je pense que David Kimelfeld ne va pas assez loin. Les seuls qui vont faire les pas suffisamment grands à ce niveau-là, et mettre l’écologie au cœur de toute ses politiques se sont les Verts. Même si on peut saluer que de plus en plus d’élus prennent en compte l’urgence climatique dans leur programme. »

Avec tous ces engagements, vous avez toujours le temps de monter sur votre vélo ?

« Oui, je ne l’abandonnerai pas ! Il n’y a pas meilleur outil pour se déplacer à Lyon, Villeurbanne et la première couronne. Et puis si un jour je veux moins me fatiguer, moins transpirer, il y a toujours l’option de l’assistance électrique. Mais en tout cas, je ne passerai pas à la voiture de fonction. »

Propos recueillis par Lionel BROSSARD

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.