The Guardian : les journalistes face aux commentaires haineux

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Capture d’écran du site du Guardian.

 

Internet a ouvert les vannes de la publication… y compris celle de commentaires haineux. Des lecteurs mal intentionnés profitent de l’anonymat pour déverser des discours de violence et de haine sur les sites web et les réseaux sociaux, notamment à l’encontre des journalistes. Pour étudier ce phénomène, le journal britannique The Guardian a analysé 70 millions de commentaires postés sur son site entre 1999 et 2016. Les résultats sont édifiants.

Sur le site du Guardian, il suffit de créer un compte pour poster un commentaire en bas d’un article. Pas besoin donc d’être abonné au journal, comme c’est le cas pour certains médias. Le journal britannique fait appel à des modérateurs qui décident de garder ou non certains commentaires, suivant la charte de la rédaction. Sur les 70 millions de commentaires postés sur le site entre janvier 1999 et mars 2016, environ 2 % ont été bloqués. 1,4 million de commentaires « injurieux ou perturbateurs » qui ont été passés au peigne fin.

Femmes, hommes noirs et homosexuels

Dans le même temps, quelque 12 000 personnes ont publié des articles sur le site du Guardian. Parmi elles, huit femmes et deux hommes noirs sont les dix personnes les plus touchées par les commentaires haineux. Dans son article publié à ce sujet, le journal précise que « deux des femmes et un des hommes étaient homosexuels. Sur les huit femmes, une était musulmane et une était juive ». Qui plus est, l’étude montre aussi que plus une rubrique est représentée par un homme, en l’occurrence les rubriques « Sport » et « Technologies », plus les femmes qui travaillent dans cette section sont sujettes à des commentaires haineux. L’inverse est également vrai, puisque ce sont les hommes qui sont le plus touchés par ce phénomène dans la section « Mode », surreprésentée par des femmes.

Menaces de mort et de viol

On pourrait penser qu’il suffit de ne pas lire ces commentaires, ou qu’il faut simplement passer outre. Mais certains de ces commentaires vont jusqu’à la menace de mort et de viol. Jessica Valenti, journaliste au Guardian, avoue même avoir changé certaines habitudes de sa vie quotidienne, au point d’éviter de donner son véritable nom lors de la réservation d’un hôtel. Une démarche qu’on peut d’autant plus comprendre quand l’on sait que la plupart des journalistes du Guardian voient leur photo affichée en haut de chacun de leurs articles. Elle confie :

« Imaginez que vous allez travaillez tous les jours  et que  vous entendiez parler 100 personnes dans votre dos qui vous disent “Tu es stupide”, “Tu es horrible”, “Tu crains”, “Je n’arrive pas à croire que tu sois payée pour ça”. C’est une horrible façon d’aller travailler. »

Face à ce phénomène, certains médias ont carrément interdit la publication de commentaires sur leur site. Mais, le Guardian préfère jouer la carte de la sensibilisation. Avec sa rubrique « Le web que nous voulons », le journal propose aux lecteurs de poster des solutions pour mettre fin aux commentaires haineux. Une démarche qui essaye de trouver une île de paix au milieu cet océan de haine.

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Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.