Félix Cattafesta : Un produit de Lyon 2 devenu journaliste Tech

Cette interview a été réalisée dans le cadre d’une série consacrée aux ancien.nes étudiant.es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques. On découvre ensemble le parcours de Félix Cattafesta qui a choisi ce master “par défaut” puis est devenu journaliste spécialisé à MacGeneration.

Bonjour Félix, d’abord est ce que vous pouvez vous présenter rapidement, quelle est votre origine sociale, votre parcours et quel métier exercez-vous aujourd’hui ? 

Bonjour, j’ai 27 ans, mon père est ouvrier et ma mère assistante maternelle. Dans mon parcours universitaire, j’ai commencé par une licence de lettres modernes. Ensuite, je ne savais pas trop quoi faire, je chantais un peu mais ça ne payait pas trop, il fallait que je trouve un master. J’ai postulé à de très nombreux master en lettres modernes et je me suis pris de nombreux refus. J’ai réfléchi et j’ai tenté le master de journalisme, sans plus de conviction. J’ai toujours bien aimé écrire donc je me suis dit que ça pourrait être intéressant. J’ai intégré ce Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de Lyon 2 en 2019 et j’ai eu la chance en master 2 de trouver un stage à MacGeneration. Suite à ce stage, on m’a embauché et depuis je travaille là, à Lyon. 

C’est quoi MacGeneration ? 

C’est un média en ligne spécialisé qui s’intéresse à l’ensemble de l’univers Apple, ça va de l’Iphone à l’Apple Watch en passant par les Mac Book et des logiciels. On fait des articles quand il y a des mises à jour, on parle des applications, on va aussi traiter les rumeurs… J’y travaille depuis 2 ans et le site existe depuis le début des années 2000. En 2016, il y a eu un tournant, ils ont lancé WatchGeneration qui s’intéresse davantage aux accessoires : les montres connectées, les écouteurs…

Et comment avez-vous intégré le master journalisme de Lyon 2 ? 

J’avais pas envie de faire un master à l’origine, j’ai commencé à travailler un petit peu, des jobs comme téléconseiller qui étaient pas forcément bien payés. Puis, j’ai quand même candidaté à des masters et c’est eux qui m’ont répondu. Je me souviens de l’entretien d’admission, je m’étais dit que ça ne s’était vraiment pas bien passé. Mais finalement, ils m’ont rappelé un mois avant et j’étais sur liste d’attente. C’était un choix par défaut clairement. 

Malgré ce choix par défaut, est ce que vous diriez que le master vous a apporté des choses positives ? 

Oui, absolument. Ce que j’ai aimé en fait, c’est que c’était multimédia. On a fait de la radio, de la télévision, on a travaillé sur une application, on avait même créé un site web. Ce côté là était excellent. Je sais que cette partie technique n’était pas ce qui plaisait le plus à mes camarades, c’était moins leur domaine. Les cours théoriques d’écriture journalistique, c’était plus compliqué pour moi. Les cours de droit c’est utile mais comme je me suis orienté dans quelque chose de plus spécialisé, ça ne m’a pas tellement servi. Ce que je retiens, c’est surtout tous les enseignements pratiques, j’aurais aimé qu’il y en ait encore plus.

Et en termes d’insertion professionnelle, est-ce que ce master vous a permis de grandir ?

Oui carrément. Mon emploi qui découle de mon stage, je l’ai eu grâce à un professeur qui était en contact avec un de mes collègues. A l’origine, MacGeneration c’est pas ce qui m’intéressait le plus, j’avais pour idée de faire un stage à l’étranger. Je devais réaliser un stage à Taiwan mais avec le Covid, ça s’est annulé.

Et au niveau des contacts, ça m’a beaucoup servi. Magali Reinert nous avait fait faire un site web où l’on présentait toutes nos productions et MacGeneration a regardé ça et a retenu mon profil. Avec le recul, oui c’était utile.   

Aujourd’hui, le master est ouvert à l’alternance, vous pensez que c’est une bonne évolution ? 

Je pense que ça doit être beaucoup mieux, nous on avait tout le lot de cours à l’université assez classique. Apprendre en entreprise, c’est nécessaire. Mon premier stage à MacGeneration de six mois, je m’en suis rendu compte dès le premier jour. Voir un de tes articles publié, c’est vachement gratifiant. C’est pas juste un professeur qui va te lire et mettre une note, ça a un impact. 

Et au niveau des points négatifs de la formation, qu’est ce que vous avez regretté à l’époque ? 

C’était la pandémie donc évidemment une période particulière, ils ont fait ce qu’ils ont pu. Pour moi, ce qui était difficile, c’était la partie recherche universitaire. Evidemment, c’est un master donc ils doivent mettre ça en avant. Mais dans un univers professionnel où c’est si difficile de trouver du travail, passer la moitié du temps à faire des recherches où tu te dis, cela ne vas pas être utile immédiatement, j’ai trouvé ça dommage. 

Et, concrètement, dans la vie du master, c’était une charge de travail intense ? Comment vous l’avez vécu ? 

C’est un parcours qui est, mine de rien, assez éprouvant. Il y a beaucoup, beaucoup de rendus à produire. C’est pas forcément facile mais j’imagine que c’est pareil partout. En réalité, c’était vraiment formateur. Je me souviens qu’à l’époque, on nous a demandé de faire un article de 15 000 signes. On l’avait travaillé en 2 mois, j’avais trouvé ça insurmontable. Aujourd’hui, là où je travaille, je peux faire ça en une journée. On a appris à mieux s’organiser, c’est clair.

De nos jours, on parle beaucoup de santé mentale. Comment vous sentez-vous, est-ce que vous êtes heureux dans ce métier que vous pratiquez ? 

Le journalisme est un métier qui m’oblige à être en contact avec l’actualité. Autrement, on est toujours en train d’apprendre de nouvelles choses et je trouve ça très stimulant. Bien que je travaille beaucoup, je sors le matin et ne rentre que le soir, après avoir produit des articles sur différents sujets. Pour moi c’est une autre forme de formation. On apprend plein de choses tout le temps. Au niveau de la santé mentale, j’ai la chance d’être dans une boîte où je suis en CDI, et c’est une petite boîte. On est une dizaine de personnes, il y a une bonne ambiance, on est tous plus ou moins copains. Il n’y a pas de manager qui vient t’embêter. J’ai conscience d’avoir de la chance.

Est-ce que vous recommanderiez ce master à quelqu’un qui voudrait se lancer dans le journalisme ? 

Oui bien sûr. C’est une très bonne entrée vers le métier. J’avais des camarades qui eux étaient très ambitieux dans le sens où certains voulaient faire des stages au Monde et devenir des supers journalistes de terrain. Moi c’était pas mon cas donc j’ai eu très peu de déceptions. Il est vrai qu’il y a des différences entre une école de journalisme et ce master. Malheureusement de nombreux médias sont très bornés là-dessus, je suis certain que des recruteurs ne regardent pas forcément nos productions mais surtout l’école dont nous sommes issus. Pour nuancer mes propos, le master NPJ ouvre tout de même de nombreuses portes même si ce n’est pas celles qu’on avait en tête au départ. Certains camarades de promotion qui sont arrivés voulaient être journalistes sportifs comme par exemple chez l’Équipe. Finalement, ils ont été plus ou moins obligés de prendre un poste dans des médias qui ne faisaient pas rêver au départ.

Aujourd’hui, ils ont des postes géniaux, ils s’éclatent et ils sont plutôt bien payés et c’est le principal.

NIEBEDE Vincent, BONIN Matéo et RICHARD Corentin

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.