Les conséquences du conflit soudanais planent sur le Tchad

Cet article a été publié dans le cadre d’une journée de simulation de rédaction web. Il a été validé, relu et corrigé par les élèves, en totale autonomie.

Des violents combats opposent deux belligérants au Soudan du Nord. Depuis le 15 avril dernier, les troupes de deux généraux rivaux se combattent pour conquérir le pouvoir. Le bilan est très lourd. Près de 200 civils sont tués et près de 2 000 blessés. Cette instabilité aura des conséquences sur le Tchad.

Khartoum, la capitale du Soudan du Nord, est en feu. Depuis trois jours, les combats à l’arme lourde s’intensifient entre forces régulières et éléments rebelles. Il s’agit des troupes de deux généraux qui s’affrontent dans la capitale et dans plusieurs villes du pays. L’armée régulière est dirigée par le général Abdel Fattah Albourhane dirigeant de facto du pays. Les forces paramilitaires de soutien rapide (RSF), soupçonnées d’être sous influence Russe, sont elles dirigée par le général Mohamed Hamdane Daglo, dit Hemetti. Les infrastructures sensibles comme l’aéroport et certaines bases militaires ont été attaqués.

Les dégâts humains et matériels sont importants et pourraient s’alourdir dans les jours qui suivent. Des Tchadiens en transit au Soudan sont quant à eux bloqués dans la capitale soudanaise. « Certains se sont mis en sécurité au sous-sol des immeubles non loin de l’aéroport, d’autres ne répondent pas à l’appel », souligne Mahamat A., témoin de la situation sur place. Il a expliqué par ailleurs qu’ils ne peuvent pas sortir à cause d’une présence massive d’hommes armées non identifiés qui circulent dans toute la ville, précisant qu’il est difficile de différencier les soldats de l’armée régulière et les éléments du groupe rebelle. Dans l’immédiat, une cinquantaine de ressortissants tchadiens en transit pour la Mecque sont bloqués à Khartoum et ne peuvent être évacués. Plusieurs autres ne répondent pas à l’appel en raison de l’inaccessibilité dans certaines zones à cause des hostilités. Difficile de savoir ce qui leur est arrivé.

Risque de pénurie au Tchad

Alors que les combats se poursuivent, le Tchad a décrété la fermeture de ses frontières avec le Soudan. Les conséquences économiques vont être importantes. Car, la fermeture de la frontière entrave la circulation des personnes et des biens de part et d’autre. Le pays de Mahamat Deby, actuel dirigeant, pourrait souffrir de pénurie de carburant, de produits alimentaires et de matériaux de construction.

Les populations les plus impactées seront celles de la partie centre, nord et est du pays, situées le long des 1 400 kilomètres de frontières avec le Soudan. Elles dépendent à 80 % des produits venant du Soudan voisin. « En plus des pénuries, le Tchad pourrait faire face à l’augmentation de la criminalité et une instabilité dans les régions du Centre et de l’Est », explique Agaziz Baroum, sociologue et consultant au Centre d’étude pour le développement et la prévention de l’extrémisme (CEDPE).

N’Djaména, la capitale tchadienne, suit de près l’évolution du conflit soudanais. « Toutes les situations d’instabilités provoquées au Tchad, depuis plusieurs décennies, ont été créées par des groupes armés venant du Soudan. Par exemple, l’attaque du groupe rebelle UFDD sur N’Djaména en 2008. Ou encore les attaques du groupe FACT, dont une partie était venue du Soudan, qui ont provoqué la mort du président Idriss Deby Itno en avril 2021 », observe un officier de la force mixte à Abéché dans le Centre-Est du Tchad.

N’Djaména exige une cessation des hostilités

Le Mouvement patriotique du salut (MPS), le parti du président au pouvoir, a appelé les deux parties au conflit à cesser les hostilités et à privilégier le dialogue pour un retour à la normale, dans un communiqué du 17 avril. Pour son secrétaire général Jean Bernard Padaré, « le conflit en cours au Soudan compromet la paix sur le continent africain ».

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Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.