Jeux d’argent : quand le plaisir devient une obsession

Cet article a été publié dans le cadre d’une journée de simulation de rédaction web. Il a été validé, relu et corrigé par les élèves, en totale autonomie.

Ces dernières années l’industrie des jeux d’argent a explosé. En 2019, l’OFDT considère que plus 1,3 millions de personnes ont un rapport problématique avec les jeux de hasard. Désireux de gagner de plus en plus d’argent. Entre paris sportifs, loteries et machines à sous, ce fléau touche de plus en plus de jeunes personnes tout juste introduites dans la vie active.

Devant le bureau de Tabac de Fraisses, une petite commune du département de Loire (42), se trouve Léo, les mains dans les poches de son survêtement. Il vient de faire vérifier le gain de ses cinq paris sportifs comme à son habitude. « Avant, j’étais totalement accro aux paris sportifs. Au début je gagnais souvent, puis j’ai commencé à perdre de grosses sommes. J’ai dépensé tout l’argent que mes parents m’avaient mis de côté. Alors ils m’ont contraint d’aller me faire interdire aux jeux d’argent. L’interdiction dure trois ans. Maintenant je ne dépense pas plus de 200 € par mois dans les paris ». Léo ne faisait pas moins de 20 paris sportifs par jour jusqu’à ce qu’il atteigne son plafond bancaire.

C’est la sensation de gagner qui l’a poussé à débourser toujours plus. Sur le ton de l’humour, le jeune homme nous explique comment il en est venu à être à découvert à cause des paris sportifs : « C’est quand j’ai eu ma première paye que j’ai commencé à en faire de temps en temps. Même s’il ne me restait pas beaucoup de sous, je me disais qu’avec un pari je pouvais faire doubler de volume mon compte en banque. Alors souvent je me retrouvais à découvert quelques jours après avoir eu ma paie ». 

J’ai eu envie de disparaitre

Léo, parieur

Malgré les problèmes financiers qu’il a pu avoir dans le passé, à 27 ans, Léo continue les paris sportifs. Maintenant, il joue aussi aux jeux à gratter, mais il s’oblige à ne pas dépasser le budget de 200 € par mois. Et pourtant son entourage n’est pas en proie aux jeux. Seuls quelques-uns de ses amis parient de temps à autre sur de gros matchs de saison.

Cette addiction aux jeux à conduit Léo à envisager de produire le pire : « Quand j’ai vu la réaction de mes parents face à mon compte épargne vide, j’ai eu envie de disparaitre. Ils ont toujours tout fait pour moi. J’ai pensé que j’avais gâché ma vie et que la seule solution était de mettre fin à mes jours. Mais, heureusement aujourd’hui tout va pour le mieux, mes parents sont fiers du parcours que j’ai établi jusque-là ». Est-ce que les parents de Léo sont au courant qu’il joue encore aux jeux ? Le jeune homme nous confie que oui, mais son ami ne semble pas être du même avis, il le traite de menteur tout en ricanant. 

Chaque coin de rue est une tentation

Comme Léo, des millions d’autres joueurs addicts aux jeux ont tenté de sortir de ce cercle vicieux. Mais avec plus de 23 500 bureaux de tabac en France, c’est difficile. « Quand un bureau de tabac est fermé, je vais à un autre. Ça m’est déjà arrivé de faire plus de 30 minutes de route pour aller chercher des jeux à gratter », nous confie Frédéric, un retraité de 65 ans qui ne se considère absolument pas comme étant addict aux jeux. Les coins de ventes sont de plus en plus attractifs et suscitent une attention plus particulière de la part des joueurs réguliers. « Avec tous les bureaux de tabac que je croise, c’est vrai que ça me donne envie d’acheter un petit jeu. Surtout avec toutes les publicités qu’on voit à la télévision et sur les devantures des bureaux de tabac. On a envie de gagner le million », avoue Frédéric en plaisantant. 

Panneaux de résultats du Loto et de l’Euromillions sur la vitrine d’un bureau de tabac en France

Le contrôle de la dépendance

Les buralistes ne peuvent pas interdire les jeux d’argent aux joueurs. Sylvie, la gérante du bureau de tabac de Fraisses, reconnaît que ces jeux causent la perte de beaucoup de personnes. Il lui arrive d’être confrontée à des situations particulièrement difficiles : « Il y a déjà eu un monsieur qui est venu en pleurant parce qu’il avait perdu 300 € à l’EuroMillions. Il voulait que je le rembourse, sinon sa femme allait le quitter. Alors je ne sais pas si c’était vrai ou pas. Je connais très bien les problèmes que peuvent causer les jeux de hasard sur la santé et sur la vie privée. Ça m’arrive de me permettre de dire à des clients un peu addicts de faire attention à ne pas sombrer ».

Les buralistes n’ont pas le contrôle sur les joueurs dépendants. Néanmoins, les casinos ont plus de pouvoir que les tabacs, car les enseignes peuvent décider ou non de l’entrée de ses clients. Il existe des structures d’aides et de soutien pour aider les personnes à sortir de cette spirale infernale. Avec de la volonté et de l’encadrement, il est possible de se libérer de cette dépendance. Le jeu doit rester un plaisir, pas une source de stress ou de souffrance.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.