IUNI : « La musique, c’est mon ikigai »

Celui qui sait pourquoi il se lève le matin

Cet article a été publié dans le cadre d’une journée de simulation de rédaction web. Il a été validé, relu et corrigé par les élèves, en totale autonomie.

À Lyon, c’est le printemps. Les cerisiers bourgeonnent. La scène électronique aussi. Le 27 avril, rendez-vous à 17 heures sur la place Saint-Jean pour un concert rap et électro, en direct depuis le toit de la basilique Notre-Dame-de-Fourvière. Musique, ça pousse. Pour l’occasion, on vous propose le portrait de IUNI. Sa prestation au tremplin Reperkusound en avait ému plus d’un.

Ikigai, un concept qui vient du Japon. Cela veut dire « ce qui nous donne envie de nous lever le matin ». Une philosophie de vie qui réunit ce dont le monde a besoin, ce qu’on aime, ce pour quoi on est doué, et ce pour quoi on est payé (l’argent, toujours l’argent). À 26 ans, IUNI (de son vrai prénom Antoine) l’a trouvé, son ikigai.

Rencontrer IUNI, c’est comme une séance de méditation. Il t’accueille pieds nus dans son petit appartement du 4e arrondissement de Lyon. Te sert une tisane. La discussion est douce, honnête, un peu perchée, comme lui. Un artiste entier : « Ce que je vis dans la musique, je le vis dans la vie », dit-il. Il compose et enregistre dans son studio, qui lui sert aussi de salon.

« Ce que je vis dans la musique, je le vis dans la vie ».

Iuni

« La musique révèle des choses en toi, des émotions »

Ses parents lui offrent une batterie lorsqu’il a six ans. Il comprend vite qu’il sera musicien. Curieux, obstiné, il touche à tout. Interviewer IUNI, c’est écouter de la musique, naturellement. Il tape Ólafur Arnalds sur Spotify, et la discussion prend une allure de balade dans la neige au grand air. Des inspirations nordiques qui mêlent piano, électronique, et musique classique. Épuré, profond, lyrique. Des souvenirs lui reviennent en tête : « Quand j’ai écouté ce son, j’ai eu l’impression de m’extraire de la terre… Je suis dans le cosmos. Je suis en paix. J’ai de la belle musique. C’est tout ». IUNI vient de inni, ça signifie « dedans» en islandais. « La musique vient révéler des choses en toi, des émotions », explique-t-il. C’est aussi un puissant moyen d’expression. Posée sur le piano, à côté de la table de mixage et des guitares, la pochette de son premier album : IUNI’s journey, sorti cet été. À l’époque, pourtant, quelque chose semble manquer.

Extrait de IUNI’s journey

« Quand j’ai écouté ce son, j’ai eu l’impression de m’extraire de la terre… Je suis dans le cosmos. Je suis en paix. J’ai de la belle musique. C’est tout ».

Iuni

L’instrument manquant : la voix

La voix. L’instrument qui complète son identité sonore. Une évidence qui s’impose à mesure que la pudeur s’efface. Une cérémonie d’ayahuasca (boisson utilisée lors de séances spirituelles chamaniques) marque la première étape de sa prise de conscience : « J’ai senti comme quelque chose qui sortait de ma gorge ». Puis, son ami et associé Sam : « Il [Sam] chantait avec son tambour, et il me dit : “Vas-y, à toi”. J’ai chanté pendant quelques minutes, c’était la première fois que je me lâchais vraiment ». Le chant comme un tournant, une ouverture, une thérapie. En novembre 2022, il donne son premier petit concert en solo chez lui. Un live d’une heure où les étoiles semblent s’aligner. Au micro, pas de paroles, juste des vocalises. Et pour le public, la liberté d’interpréter. Il ressert de la tisane et confie : « Mon idéal quand j’étais jeune, c’était de créer mon studio et de tout faire ». Bien joué.

« J’ai senti comme quelque chose qui sortait de ma gorge ».

Iuni

« Mon idéal quand j’étais jeune c’était de créer mon studio et de tout faire ».

Iuni

Chanter, c’est important pour IUNI et pour les gens. Avec Sam, ils forment un groupe de chants de mantras, ça leur permet d’avoir un petit cachet d’intermittence lorsqu’ils font des concerts. Ils ont aussi créé les voyages sonores. Le public est en position de relaxation, et eux jouent des instruments, comme les chakapas qu’ils fabriquent en bambou (on peut même leur en acheter), presque comme un soin énergétique. « C’est partager ta musique qui te fait te sentir épanoui ? », je demande. Sa réponse me surprend : « Ça peut paraitre égoïste, mais je crois profondément que c’est une illusion de faire des choses pour les autres. Je crois qu’on fait les choses pour soi, et parce qu’elles nous font rayonner, on fait rayonner les autres ». Régler ses problèmes pour savoir accueillir ceux des autres. Entrer en introspection et comprendre que le rythme « 8 heures – 18 heures » n’est pas adapté à tout le monde. Il y a quelque chose de mystique dans la créativité, il faut s’écouter et se laisser bercer par les énergies : « Ça m’est déjà arrivé de me dire : je me pose deux minutes avec ma guitare, j’enregistre rien, finalement je passe toute la nuit à faire un son ». Et les plus belles choses arrivent.

« Ça peut paraitre égoïste, mais je crois profondément que c’est une illusion de faire des choses pour les autres. Je crois qu’on fait les choses pour soi, et parce qu’elles nous font rayonner, on fait rayonner les autres »

Iuni

Le fléau de tous les musiciens ? Finir un morceau. Mais dans un futur proche, il y aura une nouvelle track signée IUNI, c’est promis (un peu breaké/techno, me dit-on dans l’oreillette). Une discussion passionnante que je rêve d’adapter en podcast. Peut-être que moi aussi, je trouverai bientôt mon ikigai ?

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.