Cet article a été publié dans le cadre d’une journée de simulation de rédaction web. Il a été validé, relu et corrigé par les élèves, en totale autonomie.
Selon le rapport 2021 de l’ARCOM, la représentation des personnes en situation de handicap à l’antenne française est de 0,8%. Les médias représentent un espace de sensibilisation et de lutte. Un moyen de montrer leur place dans une société les excluant. Cet article fait partie de notre dossier Handicap.
Physique, sensoriel, mental, cognitif, psychique, polyhandicap, trouble de la santé invalidant. Toutes sont les différentes formes de handicap définies par la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances des personnes en situation de handicap. Le handicap n’est que très peu représenté dans les médias, acteurs centraux de la société française. Pourtant, selon l’INSEE, le nombre de personnes concernées par le handicap (invisibles inclus) s’élève à 12 millions en France, en 2020. Cela concerne près de 20% de la population. L’enjeu est de taille, entre sensibilisation, lutte et inclusion. Représenter les personnes en situation de handicap dans les médias, c’est aussi leur donner la parole.
Lutter contre le validisme dans la société
Que ce soit un fauteuil roulant, une canne ou un élément invisible, le handicap rend la vie en société difficile pour celles et ceux qu’il touche.
Cyrielle est aide-soignante. Sa mission : apporter un nouveau souffle aux personnes touchées par le handicap et leurs aidant.es. Souvent, elle accompagne ses patient.es hors de chez elleux. Cyrielle déplore le manque d’espaces urbains accessibles : « Tout n’est pas adapté dans les rues. Je pense aux trottoirs, par exemple. » Il s’agit là d’un aperçu de ce qu’est le validisme. Il définit la discrimination des personnes en situation de handicap.
C’est ici que les médias entrent en jeu. Ils sont acteurs d’une société, aident à la comprendre et à la définir. Inclure les personnes en situation de handicap dans le paysage médiatique, c’est leur garantir de la visibilité. Qu’iels ont de droit. Comme Iacopo Melio, un journaliste engagé, l’explique au média italien Vita, le handicap est sociétal : « Nous devrions tous […] comprendre que le handicap, et plus généralement la diversité et la divergence, ne concernent pas qu’un petit cercle de personnes ayant des difficultés “évidentes” mais chacun d’entre nous […]. » [NDLR, Traduit de l’Italien] Il nous concerne tous. Un engagement commun pour l’inclusivité. « Nous intégrer, nous accepter, vivre avec nous, comme les autres » s’exprime Line. Line se déplace en fauteuil roulant. C’est une femme active aux idées plein la tête, aimant montagne et voyages aux quatre coins du monde. Mais depuis une dizaine d’années, elle vit avec le handicap.
« On a un rôle à jouer dans la société. Et les médias peuvent nous aider à montrer que l’on est tout à fait légitime à tenir ce rôle, comme tout le monde. »
Line, personne en situation de handicap
À travers les médias, le handicap peut disparaître et laisser place à des membres actifs du changement de la société, seulement si un espace leur est accordé. Les médias sont aussi un moyen d’expression et peuvent servir d’outil à cette lutte.
« C’est aussi nous donner un espace de parole »
Le handicap est un sujet de tous les jours, toutes les heures et minutes. Dans l’espace public, il est mis en lumière lors de semaines ou journées dédiées. Dans l’ombre, c’est le quotidien de millions de personnes en France.
Le cinéma, la musique, la peinture… L’art permet la représentation des personnes en situation de handicap. Mais il n’est que timidement montré : « Il y a une place à leur donner dans les films ou les pubs. Le sujet est très peu abordé. Lorsqu’il l’est, le personnage en situation de handicap est joué par une personne qui ne l’est pas. Ça crée un décalage » regrette Cyrielle. Un sentiment confirmé par l’ARCOM : la représentation des personnes en situation de handicap à l’antenne est de 0,8%.
Elle souhaite plus d’inclusivité dans la fiction mais aussi plus de reconnaissance du handicap dans les médias :
« Je pense que les médias ont un rôle à jouer. Ils peuvent donner la parole. Mais ils n’en sont pas encore là. »
Cyrielle, aide-soignante
Une mission donc à tenir pour les médias. Rendre l’invisible visible. Line complète ce propos. Pour elle, il s’agit aussi d’apporter un témoignage. « Nous n’avons pas ou très peu d’espace où nous pouvons nous exprimer publiquement. En nous faisant vivre dans les médias, on nous donne un lieu de parole. On peut témoigner » ajoute Line. Un discours parmi d’autres qui peut changer la donne, en libérant la parole de celles et ceux concerné.es. Il peut surtout éveiller les consciences face à la réalité du handicap.
Un but : sensibiliser
Parler du handicap est avant tout un enjeu de sensibilisation. Mettre en lumière ces personnes pour provoquer une réflexion commune. Montrer qu’« handicap » n’est pas synonyme de différence. Le tout dans l’inclusivité et le respect.
Cyrielle souligne cette dernière notion. Pour elle, il est nécessaire d’agir respectueusement, lorsque l’on parle de handicap et des personnes qu’il touche : « C’est avant tout le respect qui prime. Peu importe le terme que l’on choisit. Il faut dire les choses simplement. Mais toujours dans le respect. » Sensibiliser, c’est d’abord apporter cet élément aux yeux d’un plus large public. Cela avant une réelle compréhension du handicap.
Cyrielle va plus loin. Elle observe certains comportements, témoins d’un manque de sensibilisation : « Certaines personnes sont gênées ou ont peur de mal faire. Quand on est deux, elles vont regarder la personne aidante, pas toujours celle en situation de handicap. Juste une question de regard. Bien agir face au handicap, c’est une éducation. » Line a espoir que l’on voit, en elle, une femme forte. Elle souligne une meilleure sensibilisation de ses pairs au handicap :
« Je veux que les gens voient en moi la personne que je suis. Pas mon handicap. Aujourd’hui, on me considère de plus en plus pour qui je suis. Les gens sont peut-être de plus en plus au courant du handicap, et de ses conséquences. »
Line, personne en situation de handicap
Signe d’une évolution de la société. Une évolution que peuvent encourager les médias à travers leurs choix éditoriaux et la place accordée aux personnes en situation de handicap.
Représenter ces paroles dans les médias n’est qu’une étape. Un changement sociétal se pose comme solution. La solution pour un meilleur vivre-ensemble alors que le chemin vers une inclusivité totale est encore long.
*Line est un prénom modifié. La personne interviewée souhaitait l’anonymat.