Pour Gaétan, “être ultra c’est un état d’esprit”

Cet article a été publié dans le cadre d’une journée de simulation de rédaction web. Il a été validé, relu et corrigé par les élèves, en totale autonomie.

Rencontre avec Gaétan Charvon, supporter du club de basket-ball de Nanterre et président du groupe Gremlins Spirit. Un ultra à l’avis tranché et à la passion exacerbée.

Pain au chocolat trempé dans la grenadine, Gaétan n’est pas comme les autres. Le jeune roux au sourire angélique m’accueille à l’heure du goûter dans le petit appartement de ses parents en plein cœur de Nanterre. On s’assoit, on se présente mais la discussion est coupée court au bout d’une dizaine de minutes. Le jeune homme de 21 ans veut déjà me montrer sa “seconde maison” : le Palais des Sports Maurice Thorez, enceinte de l’équipe de basketball Nanterre 92.
Arrivés dans le théâtre des matchs de la formation pensionnaire de Betclic Elite, première division française, Gaétan est effectivement comme chez lui. La sécurité, le staff, les jeunes joueurs, tout le monde salue la “deuxième mascotte du club.” Le jeune supporter me confie qu’il a pris l’habitude depuis le début d’année de venir au stade tous les soirs : “J’encourage les espoirs, les moins de 17 ans et c’est ici que je me sens le mieux.” Car, pour lui, l’objet de sa passion est clair : “Je supporte un club, pas des joueurs, donc je ne me concentre pas que sur l’équipe première.”

Gaétan pose à sa place habituelle, au Palais des Sports Maurice Thorez.

Ce second foyer et cette passion, Gaétan est allé les chercher dans l’histoire de Nanterre 92. Gardien de handball dans la vie et plus adepte du football que de la balle orange, le jeune ultra a choisi ce club comme équipe de cœur au début des années 2010. “C’est là que je suis tombé amoureux” nous confie t-il, “lors de la montée en première division en 2011.” A cette période et au moment de la victoire du championnat de Pro A deux ans plus tard, il a vécu une effervescence qu’il n’a jamais retrouvée. Depuis, le nanterrien fait tout pour redonner à sa ville et à son stade cette ambiance d’antan.
C’est dans cet objectif que Gaétan a créé, autour d’un petit groupe de copains très motivés, l’association de supporters Gremlins Spirit. “Mettre spirit dans le nom, c’était important pour moi, parce qu’être ultra c’est un état d’esprit.” Un état d’esprit que le président du groupe porte à travers tout l’hexagone, scandant : “De Monaco à Lens, on chantera dans toute la France.” Depuis deux ans, il n’a raté que 5 déplacements sur les 34 de son équipe, prenant en modèle des ultras comme Loïc Durand, fameux supporter de l’AC Ajaccio. “C’est sûr que c’est beaucoup d’investissement, en temps et en argent, mais voir les joueurs à chaque fois surpris que je sois là, c’est un plaisir.”

Le tambour et le mégaphone : les deux fidèles accessoires de l’ultra

Gaétan me propose justement de le suivre dans une de ces folles virées, jusqu’au Portel, dans le Pas-de-Calais. Seulement trois heures de route depuis la région parisienne. Cette-fois ci, le jeune ultra sera accompagné de l’autre groupe de supporters, les Dunkers. Les débats fusent dans la voiture avec Cécile et Stéphane, membres de la seconde association. Cécile a pris son dernier RTT de l’année pour pouvoir venir. On discute des meilleures salles, on se souvient des grands matchs de la saison précédente. Mais, concernant la manière de supporter, les avis divergent. Gaétan est adepte du chambrage contrairement aux Dunkers. Il pense qu’il ne faut pas constamment s’auto censurer si l’on veut des tribunes festives. Aussi, il préfère parler de respect plutôt que de fair play. “Je respecte toujours l’être humain qu’il y a derrière, je peux insulter un maillot pendant le match mais, à la fin, il n’y a pas une personne à qui je ne sers pas la main.” Il estime que la violence ne doit jamais dépasser les mots, ce qu’il observe trop souvent dans le milieu du football. “Quand on regarde au hand, au basket, il n’y a jamais d’interdiction de déplacements parce qu’on ne connait pas ça.”

Des mimiques joyeuses lorsque son équipe marque un panier

Des déplacements qui donnent lieu à de jolis spectacles comme celui du soir contre Le Portel où Gaétan invite les supporters nordistes à chanter avec lui après la défaite de son équipe. Malgré un retour un peu maussade dans sa ville des Hauts-de-Seine, le jeune nanterrien déclare qu’il “ne regrette jamais rien.” Il va continuer à vivre de sa folie, inscrire sa patte dans la ligue et dans sa ville. “Peut être qu’un jour je serai le maire de Nanterre” lance-t-il avec des étoiles dans les yeux.

En fin de match, Gaétan encourage toujours son équipe malgré la défaite

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