Tinder et l'ONG A Voté mettent en place une campagne de sensibilisation contre l'abstention des jeunes.

Tinder et l'ONG A Voté mettent en place une campagne de sensibilisation contre l'abstention des jeunes. crédit photo © Pexels

Présidentielle 2022 – Tinder veut inciter les jeunes à voter

Tinder s’associe à l’ONG française « A Voté » et lance une campagne de communication pour inciter les jeunes à s’inscrire sur les listes électorales et à voter. Une initiative inédite en France.

Tinder et citoyenneté, ça match ! Mercredi 16 février, Tinder et l’ONG française de défense des droits civiques « A Voté » ont annoncé le lancement d’une campagne de communication pour inciter les jeunes à s’inscrire sur les listes électorales et à voter. Jusqu’au 8 avril, l’ensemble des utilisateurs de l’application en France âgés de 18 à 25 ans verra apparaître, entre deux swipes – balayages – de profils, le message : « Si tu dates en bas de chez toi… Alors vote en bas de chez toi ! ».

Si les utilisateurs souhaitent obtenir plus d’informations, ils seront renvoyés vers le site de « A Voté », qui centralise toutes les démarches à effectuer pour participer au futur scrutin. Dans un second temps, ils pourront être redirigés vers les sites d’inscription sur les listes électorales des services publics.

Cette première partie de campagne doit durer jusqu’au 4 mars, date limite d’inscription en ligne sur les listes électorales pour pouvoir voter à l’élection présidentielle. Passé cette date, la seconde partie de la campagne commencera avec un autre slogan, destiné à lutter contre l’abstention des jeunes : « Ta voix compte… Ne ghoste pas tes convictions ». En anglais, le terme « ghoster » signifie couper les liens avec une personne, une pratique courante sur les applications de rencontre.

Cette initiative est une volonté de s’adresser à la génération Z : « La mal-inscription électorale est un véritable bug démocratique qui participe à l’abstention des jeunes. […] il faut ramener la démocratie au plus près des jeunes, là où se forgent les opinions et où se font les discussions », expliquent dans un communiqué les co-présidents de l’ONG, Flore Blondel-Goupil et Dorian Dreuil.

7,6 millions de citoyens mal inscrits en 2017

Être mal-inscrit, c’est-à-dire être rattaché à un bureau de vote qui ne correspond pas à son lieu de résidence effectif, est principalement lié aux déménagements. Chez les jeunes, cela passe par quitter le domicile familial pour les études ou pour un premier emploi. Être un électeur mal-inscrit multiplie par trois le risque d’être abstentionniste, selon un communiqué de l’ONG « A voté ». En France, la mal-inscription sur les listes électorales concernait 7,6 millions de citoyens en 2017, dont 51% des 25-29 ans, selon les travaux de la sociologue Céline Braconnier. À ces mal-inscrits, s’ajoute entre 3 et 4 millions de non-inscrits.

Ce soudain intérêt de l’application de rencontre pour la citoyenneté provient de l’intérêt des utilisateurs et utilisatrices : « On s’est rendu compte en consultant les données de nos membres qu’il y avait un intérêt croissant pour la politique. C’est un gros sujet de discussion entre les jeunes. Pour preuve, le mot politique est en hausse de 59% ces douze derniers mois dans les biographies de nos membres », explique Benjamin Puygrenier, porte-parole de Tinder en France, au journal Le Parisien.

Ce n’est pas la seule initiative de l’ONG « A Voté ». Depuis le 11 janvier, l’association collabore avec le groupe Méta (ex-Facebook) pour mettre à disposition des utilisateurs WhatsApp un chatbot, c’est-à-dire un robot conversationnel. En partenariat avec Ouest-France et 20 Minutes, cet outil permet d’aider les utilisateurs à s’inscrire sur les listes électorales et à retrouver toutes les informations utiles pour le scrutin à venir.

Tolérance zéro

Par le passé, Tinder a déjà soutenu d’autres initiatives de sensibilisation citoyenne en France, dont une campagne sur le consentement. À l’étranger, l’application s’est impliquée dans les élections en Allemagne en 2021, aux Etats-Unis en 2020, au Royaume-Uni en 2019 et au Brésil en 2018.

Si Tinder entre dans la campagne, l’entreprise refuse que ses utilisateurs fassent de la politique à l’instar des Jeunes avec Macron (Jam). Le 14 février, les Jam ont créé ou utilisé des comptes existants pour diffuser une opération de communication. Les profils comprenaient les mentions « Je vote, et toi ? » ou « Viens matcher avec la démocratie », sans inciter explicitement à voter pour le président sortant.

Une initiative qui n’a pas été appréciée par le géant américain de la rencontre, qui a réagi en bloquant ces profils. « Nous avons une politique de tolérance zéro sur ce type de comportements. Si de faux profils sont créés, nous prendrons des mesures adéquates. Tout membre qui crée de faux profils pour utiliser Tinder [afin de] mener une campagne politique verra son profil supprimé. Enfin, nous n’autorisons pas l’utilisation de Tinder pour faire campagne à des fins politiques, comme clairement stipulé dans nos standards », a expliqué la société à la petite flamme, au média en ligne Les Numériques.  

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.