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Bots sur Instagram : boutez les hors de ma messagerie !

Les faux profils sur Instagram inondent les boîtes de réception des utilisateurs. La plateforme assure lutter contre le mal qui pourrait tuer la poule aux œufs d’or.

« J’en peux plus, tous les jours y’en a d’autres, c’est toujours la même chose et ça s’arrête jamais », se plaint un étudiant de l’Université Lyon 2 au sujet des invitations à des groupes de discussion pornographique sur Instagram.

Ces messages émanent de comptes ayant les mêmes caractéristiques : peu de publications, peu de followers et une photo de profil aguicheuse. Ces comptes créent des groupes d’utilisateurs et leur envoient un message parfois vulgaire, souvent explicite, contenant un lien qui redirige vers un site à caractère pornographique.

Dans un communiqué  du 13 août 2020, Instagram annonce combattre ce phénomène par la mise en place de nouveaux dispositifs de vérification de l’authenticité ; notamment lorsqu’une activité inhabituelle est détectée ou bien un schéma d’actions répétitives semblable à celui d’un programme informatique.

En attendant qu’Instagram agisse, ces faux comptes ou bots (diminutif de l’anglais Robots) sont pourtant relativement simple à éviter, bien que la procédure ne soit pas intuitive.         
Mademoizelle a trouvé la solution pour masquer ces spams : Il suffit d’aller dans Paramètres, puis Notifications, puis Messages Directs et enfin cocher Refuser les invitations.

L’argent comme mobile

Pour les personnes qui gèrent ces comptes l’intérêt est de rediriger l’internaute vers des sites partenaires. Il sera par la suite invité à s’inscrire pour obtenir un service,  le plus généralement ce sont des sites pornographiques qui demandent de créer un compte gratuit pour accéder au contenu du site.
Mais où gagnent-ils leur argent ? Selon l’agence de cyber sécurité Tenable, si un internaute choisi de s’inscrire, la rémunération pour les intermédiaires qui gèrent les bots peut aller de 2$ à 5$, beaucoup plus si la personne rentre sa carte de crédit sur le site.

Une technique est également utilisée pour optimiser les revenus ; lorsqu’un internaute clique sur un lien celui-ci est redirigé vers de nombreux sites avant d’arriver vers le site final. Ceci génère alors artificiellement du trafic sur les sites survolés et augmente leurs statistiques auprès des annonceurs présents sur le site, générant ainsi de plus gros revenus.

De plus en plus sophistiqués, ces bots cherchent à tromper l’algorithme d’Instagram. Une technique consiste à utiliser des citations de romans dans la bio du profil, dans le but de ne pas passer pour un compte pornographique  aux yeux de la plateforme.

Interrogé par Brut, l’expert en cyber sécurité Baptiste Robert recommande de ne surtout pas cliquer sur ces liens et de toujours signaler sur la plateforme les comptes suspects. Au-delà de l’aspect financier, l’expert explique que certains bots peuvent être employés à des fins de désinformation, en augmentant le trafic vers des sites conspirationnistes, créant ainsi un risque pour nos démocraties à l’approche de périodes électorales.

Une plaie pour le marketing social

Avec plus d’un milliard d’utilisateurs actifs par mois, Instagram est devenu le nouvel El Dorado des annonceurs et communicants ; notamment lorsqu’il s’agit d’atteindre une large audience.

Prenons le compte de Cristiano Ronaldo. Le footballeur compte 357,96 millions d’abonnés (en Octobre 2021) sur la plateforme sociale. Selon le site d’audit social HypeAuditor, il atteint environ 2% de ses abonnés à chaque publication ; cela peut sembler peu à première vue mais cela représente en réalité plus de 700 000 comptes, soit autant de potentiels clients.

Mais que faire si en réalité la majorité de ces abonnés sont des faux comptes ? C’est le problème auquel font face les agences de communication digitale qui travaillent en partenariat avec les influenceurs.

Interrogée par le site américain Wired, Gabrielle Vogt manageuse dans une agence de marketing digital, confie faire signer des chartes d’authenticité à ses influenceurs. Celles-ci stipulent entre autres que la personne n’a pas acheté de faux followers pour faire grossir artificiellement sa communauté ou des likes pour augmenter son audience.En effet, afin d’accroitre plus vite leur communauté, certains sont tentés d’acheter une grande quantité de followers et ainsi négocier de plus gros contrats avec des marques.  

Technique infaillible ? Pas tout à fait. En prenant un outil d’audit social, il est facile de remarquer des irrégularités dans la courbe de croissance des followers ; arrivant soit tous d’un coup soit par petits paquets. En y regardant d’un peu plus près, ce sont les mêmes faux comptes que dans nos boîtes de réception.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.