Agnès Vernet : « Il y a une forme de réarmement des rédactions en compétences scientifiques »

La crise sanitaire qui frappe de plein fouet le monde depuis plus d’un an et, l’intérêt affiché par le public pour l’information scientifique ont poussé les professionnels des médias à revaloriser le journalisme scientifique.

Intervenant, mercredi 29 septembre matin, lors d’un atelier intitulé « quel dialogue entre chercheurs et journalistes ?», dans le cadre des 14ème Assises Internationales du Journalisme, la présidente de l’Association des Journalistes Scientifiques de la Presse d’Information (AJSPI), Agnès Vernet, considère que l’information scientifique a besoin d’être autant médiatisée que les informations politiques et économiques.

Selon elle, la crise sanitaire a poussé les dirigeants des organes de presse à recruter davantage de journalistes scientifiques afin d’enrichir leurs rédactions : « il y a une forme de réarmement des rédactions en compétences scientifiques ».

Agnès Vernet, Présidente de l’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information (AJSPI) à Tours (29/9/2021)

Les panélistes ont évoqué la relation entre les scientifiques et les journalistes, soulignant que, celle-ci, doit être reposée sur « un travail de partenariat et de collaboration entre les deux parties », afin de présenter au public des informations précises.

« Personnellement, je fais relire mes articles aux scientifiques que j’interviewe avant de les publier pour ne pas tomber dans la problématique de la mauvaise interprétation », a indiqué Juliette Nouel, journaliste spécialiste sur les sujets climat-énergie-biodiversité.

De son coté, le membre du conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot, Pierre-Henri Gouyon, a insisté sur l’importance de la collaboration entre les deux parties, « malgré toutes les difficultés existantes » précise-t-il.

Il indique, dans ce sillage, que la communauté scientifique « n’est pas tellement crédible », sachant que des lobbies industriels exercent une certaine influence sur les chercheurs concernant la publication des résultats de leurs études.

Pour sa part, la journaliste de « The conversation », Jennifer Gallé, a mis l’accent sur la nécessité d’« organiser la prise de parole des scientifiques au sein des rédactions afin de maitriser le flux d’informations reçues quotidiennement dans ce domaine et ne pas tomber dans le piège de ces lobbies ».

Par ailleurs, elle fait remarqué que les journalistes et les chercheurs doivent se former tout au long de leur carrière pour bien rester à jour sur les différentes problématiques.

Jennifer Gallé, journaliste à The Conversation à Tours (29/9/2021)

Il semble donc que l’avenir, et la valeur ajoutée du journalisme scientifique, passent par un travail collaboratif et complémentaire entre les journalistes et chercheurs, deux professions en première ligne lorsqu’il s’agit de faire prendre conscience de l’urgence climatique.

Samira Saidj et Victoria Remadji

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.