Pour Nicole Pietka, « les clubs amateurs sont beaucoup plus délaissés au deuxième confinement qu’au premier. »

Reconfinement : le foot amateur en grande difficulté

Suite au reconfinement, le football professionnel continue dans le strict respect des mesures sanitaires contrairement au football amateur. Un arrêt qui pourrait être synonyme de la fin de certains clubs qui ne peuvent plus survivre financièrement, ce qui a obligé l’État à mettre tardivement la main au portefeuille.

Comme une impression de déjà-vu. Le 28 octobre, Emmanuel Macron annonce un reconfinement alors que le nombre de cas positif au Covid-19 explose dans toute la France. Pour le football, il s’agit d’un nouveau coup dur après le premier confinement qui avait mis les finances des clubs dans le rouge. Sauf que là, le football professionnel continue (Ligue 1, Ligue 2, National, D1 féminine, matchs de l’équipe de France) dans le strict respect des mesures sanitaires. Une chance que n’a pas le foot amateur. Le même jour, la FFF annonce la suspension de toutes les compétitions de Ligue, de District, de National 3, National 2, D2 féminine et de coupe de France masculine et féminine jusqu’au 1er décembre au moins.

« Plus de match, plus de buvette »

Une douche froide pour les clubs amateurs qui pourrait signer leur arrêt de mort. «  Plus de match, plus de buvette. C’est catastrophique parce c’est ce qui fait vivre une bonne partie des clubs », se désole Nicole Pietka, présidente du Football Club Montceau Bourgogne, pensionnaire de National 3. Plus que l’arrêt des matchs, c’est l’absence du public qui inquiète les petits clubs. « Imaginez qu’on vous demande de reprendre le championnat comme on a fait lors du dernier match : c’est-à-dire sans buvette et sans entrées. Vous ne recevez pas d’argent alors que si on joue à l’extérieur, on doit faire les déplacements donc les finances partent à vitesse grand V », explique Nicole Pietka. Même son de cloche pour Stéphane Paris, président du Football Club de La Saulce en District, pour qui les buvettes sont un manque à gagner. « Vu qu’on joue pas et qu’on a aucune compétition, l’argent ne sort pas. »

Une éclaircie tout de même, dans le tableau noir : la perte du nombre de licenciés est plutôt modeste dans le foot par rapport aux autres sports. Alors qu’une enquête du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) auprès de 44 000 clubs amateurs avait révélé le 12 novembre que la baisse du nombre de licenciés était en moyenne de 20 %,la FFF contactée par Le Monde estime à 1,7 millions le nombre de licenciés pour le foot en France, soit une baisse de seulement 3 % par rapport à l’année dernière. Une impression partagée par les clubs de Montceau et de La Saulce. Le premier cité a perdu environ 10 % de ses 320 licenciés. Pour le second, l’équipe féminine a disparu mais les effectifs des équipes de jeunes sont plus fournis.

35 millions d’euros de subventions

Bourreau malgré lui des clubs de foot amateur, l’État a tardé à se muer en sauveur. Ce n’est que le 17 novembre qu’il a réagi avec plusieurs mesures d’aides aux clubs amateurs du sport français. Nicole Pietka, interrogée avant les annonces, tirait la sonnette d’alarme sur l’absence d’initiative de l’Élysée. « Si le gouvernement ne vient pas en aide aux clubs avec un niveau des mesures de chômage partiel et de choses comme ça, il n’y aura plus de football ! ». Elle s’étonnait aussi d’un soutien moins marqué au foot amateur que durant le premier confinement. « Les clubs amateurs sont beaucoup plus délaissés au deuxième confinement qu’au premier. Les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 rencontrent de gros problèmes et c’est déjà à mon avis leur premier souci. »

Pour soutenir les clubs amateurs, l’État a donc débloqué un fond d’urgence de 15 millions d’euros et 20 millions d’euros supplémentaire pour les fédérations afin de compenser les pertes de licences. Stéphane Paris, qui bénéficiera d’une aide à hauteur de 10 euros par licencié, salue ces mesures. « Ils ont fait un effort sachant qu’eux aussi perdent de l’argent avec le foot français. On est tous dans le même bateau mais je trouve qu’on s’est bien entraidé. » Quelques jours plus tard, une autre bonne nouvelle tombe : les mineurs auront le droit de s’entraîner dans le cadre d’une activité extra-scolaire à partir du 28 novembre. Néanmoins, la reprise des matchs et des entraînement pour les effectifs seniors n’est pas encore datée. De plus, le retour du public, si cher au football amateur, ne devrait pas avoir lieu avant janvier et la jauge sera fixée en fonction de la densité.

Devant la détresse du foot amateur, le monde professionnel s’est mobilisé pour lui venir en aide. L’Olympique Lyonnais, en partenariat avec son équipementier Adidas, va distribuer 150 000 tenues de match pour plus de 10 000 clubs amateurs à travers toute l’Europe. Une initiative parmi d’autres qui rappelle que sans ces petits clubs amateurs, il n’y aurait pas de sportifs professionnels.

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Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.