manifestation 21/11/20 - Bellecour - Photo Eline Roy

Les Lyonnaises « pas prêtes de se taire » face aux violences faites aux femmes

A l’initiative du collectif Droits des Femmes 69, plusieurs rassemblements ont été organisés les 21 et 25 novembre à Lyon pour dénoncer les violences faites aux femmes. D’autres actions ont également été proposées pour s’adapter aux mesures sanitaires.

« Aimer n’est pas frapper », « Le consentement n’est pas une option », « Elle n’était pas habillée comme une salope, tu penses juste comme un violeur »… Les slogans interpellent. Samedi 21 novembre sur la place Bellecour, 500 personnes se sont rassemblées pour dénoncer les violences faites aux femmes, répondant à l’appel du Collectif Droits des Femmes 69. Ce collectif regroupe associations féministes, syndicats et organisations politiques. En 2019, les militant·e·s avaient répondu en nombre à l’appel national à manifester. Selon la police, 5 500 personnes avaient défilé dans les rues du centre-ville lyonnais. Mais cette année, les conditions sanitaires n’ont pas permis une telle affluence. Bien qu’autorisée par la préfecture du Rhône, comme le prévoit les mesures générales de l’état d’urgence sanitaire, la manifestation s’est muée en rassemblement. Et malgré le port du masque et le respect de la distanciation sociale, la colère et la détermination des féministes ne faiblissent pas. Comme les organisatrices l’ont énoncé : « nous sommes toujours là et déterminées ».

Contre le sexisme au travail

Quatre jours plus tard, le mercredi, un autre rassemblement initié par le Collectif Droits des Femmes 69 a eu lieu à Villeurbanne cette fois-ci. Le maire de la ville, Cédric Van Styvendael, ainsi que Grégory Doucet, le maire de Lyon, étaient présents en cette date symbolique. Le 25 novembre marque en effet la journée internationale pour l’élimination des violences faites à l’égard des femmes. Cette date fut choisie en l’hommage aux sœurs Mirabal, militantes politiques dominicaines assassinées en 1960.

Ce second rassemblement avait lieu devant le restaurant McDonald’s de Charpennes, pour « dénoncer le harcèlement sexiste au travail » expliquent les organisateur·trice·s , suite aux révélations publiées par Médiapart et Streetpress. 78 personnes ont accusé la chaîne de restauration rapide de sexisme ou de harcèlement (à lire ici). Ils et elles interpellent également les autorités publiques sur la Convention 190 de l’Organisation Internationale du Travail. Adoptée le 21 juin dernier, cette dernière représente la première norme internationale contre la violence et le harcèlement dans le monde du travail. Or, la France n’a toujours pas ratifié cette convention, dénoncent les manifestant·e·s.

Mais les violences ne s’arrêtent pas au monde professionnel. Selon des enquêtes de l’INSEE, 88% des victimes de violences conjugales en 2019 sont des femmes. En 2019, selon le collectif Féminicides par compagnon ou ex, 152 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon. En 2020, elles étaient 87 à la mi-novembre. A Lyon le 25 novembre, des militantes du Planning Familial 69 et de Superféministe ont déposé 87 paries de chaussures rouges sur les marches du Palais de Justice.

« Rendre visible l’invisible »

Les actions de l’année 2020 ont été marquées par la pandémie. Les porte-paroles du collectif ont rappelé que les femmes sont particulièrement impactées par la crise sanitaire et les plateformes de signalement en ligne des violences sexistes et sexuelles ont enregistré une hausse de 15% des appels pendant les deux premières semaines de novembre. La situation d’enfermement crée des conditions propices à des violences intrafamiliales. Pour les militant·e·s aussi, la situation pose des difficultés. Delphine* confie que contrairement à ses habitudes, elle n’a pas participé à ces rassemblements, elle ne souhaitait pas rompre le confinement. Le Collectif Droits des Femmes 69 a donc élargi ses actions, en proposant par exemple d’illuminer ses fenêtres avec une bougie le 25 novembre, « pour faire la lumière sur ces violences, pour rendre visible l’invisible ». Le Collectif NousToutes Rhône a également coordonné des envois de rubans violets. Les personnes volontaires étaient missionnées de répartir ces rubans dans les rues de leur commune, et de placarder dans les commerces des affiches avec les numéros à contacter en cas de violence, comme le 3919 ou le 17 en cas d’urgence.

Enfin, le collectif national NousToutes a également proposé toute la journée des actions à mener en ligne, grâce à des groupes Whatsapp. Les carrés violets ont ainsi fleuri sur les réseaux sociaux, l’expression « violences conjugales » était parmi les sujets les plus discutés sur Twitter. Sur le compte Instagram de NousToutes étaient proposées toute la journée des conférences, des lives. Parmi les invitées, Jeanne Cherhal pour donner un concert ou encore l’élue EELV Alice Coffin. Les images à partager se sont multipliées tout au long de la journée. Comme elles l’ont chanté Place Bellecour, les féministes sont « fortes, fières, et pas prêtes de se taire », même confinées.

*le prénom a été changé

Éline Roy

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.