Instagram nudité. Instagram assouplit sa politique sur la nudité.

Instagram assouplit sa politique sur la nudité

Réseaux sociaux : Instagram assouplit sa politique sur la nudité

Face aux accusations de discrimination physique contre la communauté grande taille et noire, Instagram a revu ses règles sur le pressage des seins. La plateforme promet d’autoriser des corps dénudés de toute couleur et de toute taille.

Un grand pas en avant contre le body shaming. Instagram, qui est régulièrement accusé de pudibonderie, ne censure plus depuis le 28 octobre la poitrine dénudée, à condition qu’elle soit « enveloppée ». Son PDG Adam Mosseri a promis d’améliorer l’algorithme pour mieux différencier l’expression de soi et l’art du contenu pornographique. Cette victoire est due à Nyome Nicholas William, mannequin et influenceuse grande taille britannique.

#IWantToSeeNyome

En juillet dernier, Instagram a censuré une photo de la mannequin. Cette image a été jugée pornographique mais elle ne s’opposait pas à la politique d’Instagram. L’influenceuse sent ainsi la discrimination de cette plateforme envers la communauté noire et grande taille. Dans une interview avec le journal britannique Observer, Nicholas-Williams a confié : « Des millions de photos de femmes blanches très nues et maigres peuvent être trouvées sur Instagram chaque jour. Mais une grosse femme noire célébrant son corps est interdite ? Cela m’a choqué. J’ai l’impression d’être réduite au silence. »

L’algorithme d’Instagram favorise-t-il vraiment les personnes minces et blanches ? La comédienne australienne @CelesteBarber a déjà répondu à la question. Cette influenceuse de 7,5 millions d’abonnés a publié une image en imitant l’ancienne mannequin de Victoria’s Secret Candice Swanepoel @angelcandices. Bien qu’elles ont montré exactement les mêmes parties de corps, Instagram ne permettait pas aux fans de partager la publication de Barber. Le réseau social a informé certains utilisateurs que le contenu allait à l’encontre des règles sur la nudité ou l’activité sexuelle. La publication de Swanepoel, quant à elle, n’a pas été signalée.

Pour lutter contre le manque d’objectivité dans l’application des règles d’Instagram, la mannequin britannique a lancé une campagne #IWantToSeeNyome sur ce réseau social. Elle invite les internautes à republier la photo retirée sur les réseaux sociaux et à dénoncer l’inégalité des décisions d’Instagram envers des photos similaires. La pétition qu’elle a organisée a recueilli plus de 22 700 de signatures.

Face à cette mobilisation, Instagram a admis qu’il avait commis des erreurs, « notamment à l’égard de la communauté grande taille », a annoncé une porte-parole du réseau social dans un communiqué transmis à l’AFP.

« Instagram et Facebook font un pas dans la bonne direction »

A compter du 28 octobre 2020, Instagram et sa société mère Facebook autorisent les posts où une personne enlace, tient ou cache simplement sa poitrine. Pour protéger les jeunes internautes du potentiel contenu pornographique, les seins ne sont pas 100% libérés sur ces deux plateformes. Mais quel est le critère pour juger si une photo est pornographique ou juste comme une promotion de l’acceptation de soi ? Le réseau social se basera sur le degré de pression exercée par les mains : sera interdit le « pliage de doigts en un mouvement de pression, ce qui entraînera un changement de forme des seins », décrit Instagram dans le communiqué. En cas de doute, les modérateurs ne sont pas censés enlever les photos.

« Le réseau social a pu modifier les conditions sur la compression des seins. Cela signifie qu’il peut faire la différence entre le fait de tenir les seins et de les presser – l’un étant une forme d’art et l’autre étant pornographique », a commenté la mannequin dans un post sur Instagram. « C’est juste le début, il y a encore beaucoup de travail à faire. Instagram et Facebook font un pas dans la bonne direction », a-t-elle ajouté. L’influenceuse a également exprimé son souhait de voir la fin de la censure des corps noirs et gros.

Un paradoxe ? Les journalistes Judith Duportail et Nicolas Kayser-Bril ont publié une enquête dans Médiapart qui contredit la sévérité d’Instagram sur la nudité. Selon leurs découvertes, le réseau social privilégie les images dénudées. En effet, une photo d’une femme en maillot a 1,6 fois plus de chance d’être montrée aux abonnés qu’une photo habillée.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.