Concentration des médias : la position des candidats à l’élection présidentielle

Image CC Jon S.

La santé de la presse française inquiète. La montée d’un petit nombre d’industriels au capital de grands groupes médiatiques menace l’indépendance de la presse. Certains candidats à l’élection présidentielle souhaitent lutter contre la concentration des médias.

Les médias français vivent actuellement une période de crise. Le passage à l’ère du numérique a affaibli de nombreux groupes de presse qui n’ont pas réussi à effectuer la transition du papier à l’écran. La popularité des journalistes est aussi en berne. Certains mouvements politiques tentent de décrédibiliser les médias, affirmant qu’ils ne sont pas neutres et déjà partisans de tel ou tel candidat. Un schéma que l’on connait déjà puisque le nouveau président américain, Donald Trump, a tenu ce même discours qui lui a ouvert les portes de la Maison-Blanche.

Reporters sans frontières, qui publie chaque année un classement de la liberté de la presse dans le monde, classe la France seulement 45e sur 180 pays. La raison principale de ce classement mitigé est la concentration des médias. C’est un processus au cours duquel des organisations privées prennent une part importante dans le capital des médias, devenant ainsi les principaux actionnaires. En France, on observe de grands industriels et chefs d’entreprises qui investissent lourdement dans ce secteur. Ce processus pose un problème de liberté éditoriale. Comment être certains que ces actionnaires ne vont pas intervenir dans les publications des organes qu’ils possèdent ?

La position des candidats à l’élection

Trois candidats à l’élection présidentielle s’opposent à cette concentration et inscrivent dans leurs programmes des mesures visant à stopper cette pratique. Benoît Hamon, Jean-Luc Mélanchon et Marine Le Pen entendent ainsi réguler les investissements d’organisations privées dans des organes de presse. Ils souhaitent établir un plafond au-delà duquel il n’est plus possible d’investir dans un média. Limiter l’entrée dans le capital permettrait d’équilibrer la valeur des voix de chacun des actionnaires lors des assemblées générales.

Deux autres candidats, eux, ne semblent pas s’inquiéter de la liberté de la presse menacée. Emmanuel Macron et François Fillon n’ont pas prévu de limiter l’arrivée massive aux capitaux dans le secteur des médias. Le candidat d’En Marche ! juge que « la présence d’actionnaires industriels et financiers au capital de groupes de presse est une réponse aux difficultés économiques de la presse » tout en ajoutant qu’il est nécessaire de « garantir » la liberté éditoriale en proposant « un nouveau statut de l’entreprise de presse, sur le modèle des trusts anglo-saxons ». Pour François Fillon, son programme n’évoque pas de mesures visant à lutter la concentration des médias.

« On n’est pas là pour contrôler »

Xavier Niel, fondateur de l’opérateur Free, est aussi l’actionnaire principal du groupe Le Monde par le biais d’une société qu’il partage avec Pierre Bergé et Matthieu Pigasse. Le Monde libre détient 64 % du journal et des ses filiales, comme Le Huffington Post et Courrier international. Il s’est défendu au micro de Public Sénat, indiquant qu’il n’avait aucune influence dans la rédaction du groupe : « Je ne pense pas qu’on trouve un lien très proche entre la ligne éditoriale du Monde diplomatique et de Télérama ». Il ajoute : « On n’est pas là pour contrôler, on est là pour aider une presse à exister et à avancer ». Simple bienfaiteur ou organisateur d’une pensée unique, la situation semble délicate à juger.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.