Periscope, Facebook Live : une nouvelle norme journalistique ?

Propulsé en France par les manifestations contre la loi travail, le direct vidéo est en quelques mois devenu la norme pour les rédactions et leurs journalistes de terrain. Retour sur un succès fulgurant.

Elles sont le reflet d’une certaine époque : celle de l’instantanéité. Periscope et Facebook Live ont, respectivement en un an et quelques mois, conquis les Français et les journalistes du monde entier. Les pages sociales des grands médias s’arrachent désormais les vues à travers des directs dans les rédactions, ou au cœur d’évènements marquants.

Un an, quatre concurrents

26 mars 2015. Une nouvelle application récemment achetée par Twitter fait son entrée sur l’App Store. Periscope propose d’utiliser la connexion internet du smartphone pour capter des images, et les diffuser en direct en un flux ininterrompu. L’utilisateur a le choix de rendre public ce qu’il filme, ou de créer une petite communauté pour partager son quotidien.

Alors que Meerkat et Ustream la concurrencent timidement, Facebook contre-attaque. Le 4 décembre 2015, le réseau social annonce dans un communiqué le lancement aux États-Unis de Facebook Live, son propre service de vidéo en direct. L’entreprise propose les mêmes fonctionnalités que ses nouveaux adversaires, et intègre la fonctionnalité à son application déjà existante. En un an, quatre concurrents exploitent déjà le marché. Ce sera cette dernière spécificité, et la situation sociale du moment, qui propulseront les directs dans la vie quotidienne des médias français.

Les rédactions questionnent, puis sautent le pas

En France, l’arrivée de Periscope pose un certain nombre d’interrogations. Atteintes à la vie privée, à la sécurité et surtout concurrence d’un vague concept de « journalisme citoyen », les médias ouvrent le débat sur l’utilisation d’un tel outil. Kayvon Beykpou déclarait avoir eu l’idée de Periscope en 2013, lors des manifestations de la Place Taksim, à Istanbul. Finalement, c’est le mouvement social autour de la loi travail qui décide en mars dernier les rédactions à sauter le pas.

Impossible pour l’Obs, le Monde, ou encore 20 Minutes de passer à côté du phénomène. Dans les cortèges parisiens, de nouvelles personnalités 2.0 utilisent les applications de direct pour une documentation sans filtre des évènements. Le collectif de journalistes à l’engagement assumé Taranis News, qui documente les heurts entre manifestants, casseurs et forces de l’ordre, ou le jeune community manager Rémy Buisine, qui tient un direct record de 5 heures 14 lors d’une Nuit Debout, sont les précurseurs. Viennent ensuite ces envoyés spéciaux qui, casques équipés de caméras GoPro vissés sur la tête, commentent une actualité d’un genre nouveau, dépouillée de tout montage et de commentaire enregistré.

L’autre facteur qui fait plonger les rédactions dans la démarche ? L’audience. Facebook intègre automatiquement les directs sur ses pages. Un moyen pour les journalistes de piquer la curiosité des jeunes, qui se détournent des chaînes d’info en continu ou des sites de journaux, pour mieux faire défiler leurs fils d’actualité. Lentement mais sûrement, une nouvelle norme journalistique s’installe.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.