En stage : « où est passé le site internet du Soleil ? »

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Bureau de l’équipe web, excentré par rapport à la rédaction papier du Soleil. Image Nicolas Certes.

 

Depuis mon arrivée au quotidien national Le Soleil, début février dernier, produire du contenu pour le web n’aura jamais été facile. Connexion des plus lentes, réseaux sociaux et plusieurs sites bloqués, puis carrément plus de site internet du tout : pour travailler, la patience et la créativité pour contourner ses problèmes sont indispensables…

Le Soleil, journal de service public, est le troisième quotidien sénégalais en termes de ventes. Cette entreprise de presse, qui monopolise le marché publicitaire et profite de financements de l’État, peut se targuer d’une santé financière au beau fixe. C’est ainsi que la rédaction est en pleine restructuration depuis mon arrivée, une restructuration qui repose en partie sur la refonte du site web actuel et la création d’une vraie équipe web à proprement parler. Oui parce que pour l’instant, ce n’est pas trop ça.

Le pôle web est composé de deux webmasters qui copient-collent les articles du journal papier sur la page internet, d’un « ingénieur informaticien », et du responsable éditorial du site (mon tuteur de stage). Je suis donc le seul à produire du contenu exclusif au web. À terme, la nouvelle rédaction web est censée être composée d’environ quatre nouveaux journalistes.

Des débuts laborieux

La rédaction de mon premier article a vraiment été ardue. Mon chef me demande un papier sur le virus Zika — vous n’aurez pas un lien vers celui-ci… puisque le site est toujours inaccessible au moment où j’écris. À ce moment-là, je n’ai toujours pas d’accès à internet et on ne capte pas le Wi-Fi dans le bureau de l’équipe web : je passe donc mon après-midi à réunir tant bien que mal des informations en utilisant mon smartphone depuis le balcon du bureau où je peux capter un peu le réseau du bâtiment voisin. J’écris l’article, et rentre plus tôt chez moi pour accéder à l’outil en ligne nécessaire à la réalisation d’une carte interactive.

La connexion étant particulièrement instable, l’accès aux réseaux sociaux et aux sites d’hébergement de vidéos était bloqué pour toute la rédaction. Aucune distinction n’était faite, même pour la rédaction web qui aurait pu avoir une connexion exclusive. Fort heureusement, l’arrivée de la fibre début mars a tout arrangé : nous avons désormais accès à tout internet. Sauf que depuis le 21 février, et jusqu’à l’écriture de ces lignes, le site du Soleil n’est plus accessible.

Chronique d’une mort annoncée ?

Pourquoi ? Comment ? Un problème d’hébergeur, selon le directeur général, Cheikh Thiam : « on était chez OVH France, ils ont ouvert un bureau à Dakar. J’ai pensé qu’en essayant avec OVH Dakar, j’aurais une gestion de proximité. C’est la catastrophe… Entre temps, j’ai pris un abonnement à Infomaniak. » C’est donc un problème extérieur « qui nous dépasse » soutient-il. Encore faudrait-il avoir renouvelé le contrat… La nouvelle version du site web prend également du retard dans son lancement : les premières échéances étaient fixées à début mars dernier, on annonce aujourd’hui une deadline pour la fin avril.

On peut comprendre les craintes des lecteurs. Le site du Soleil est malheureusement connu pour ses nombreux plantages. Ceux-ci pouvaient se comprendre au lancement du site en 1998. Mais encore en 2002, la page du Soleil a longtemps été inaccessible à cause de grosses coupures de courant qui arrêtaient fréquemment le serveur. Aujourd’hui, selon le projet mis en place, le site 2.0 du Soleil proposera plus de contenus dans une version abonnés. Mais si ces problèmes d’accessibilité au site web se poursuivent, il est très probable que Le Soleil online, déjà annoncé comme le principal concurrent du premier pure player sénégalais, Seneweb, voit son crépuscule arriver plus vite que prévu…

« En stage » est une série d’articles plus personnels qu’à l’accoutumée, consacrés à des expériences ou des observations réalisées par les étudiants du Master 1 « Nouvelles pratiques journalistiques » de l’Université Lumière Lyon 2 lors de leur stage obligatoire à l’étranger.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.