Multilinguisme, un casse-tête luxembourgeois

Image Luis Miguel Bugallo Sánchez.
Image Luis Miguel Bugallo Sánchez.

 

Le Grand-Duché du Luxembourg reconnaît trois langues officielles : le luxembourgeois, le français et l’allemand. Mais les médias choisissent leur langue en fonction de leur cible, ce qui empêche une partie de la population d’accéder à une offre médiatique variée.

L’immigration française représente environ 7 % de la population du Grand-Duché, mais parle très peu le luxembourgeois. D’après un rapport de The Reuters Institute for the Study of Journalism, la télévision est restée en 2015 le support d’information préféré des Français. Or s’ils ont accès à la plupart des chaînes françaises par le biais des abonnements box internet, ils se voient quelque peu pénalisés en termes d’information télévisuelle locale.

Les deux plus grandes chaînes, RTL TV Lëtzebuerg et Den 2. RTL, diffusent un journal intégralement en langue luxembourgeoise. Elles visent ainsi une population localisée majoritairement au nord du pays, négligeant la région de la capitale, plutôt francophone. Des sous-titres anglais et français sont disponibles, mais ils nécessitent un effort de réglage parfois peu évident.

De ce fait, certains ressortissants étrangers se renferment sur eux-mêmes. L’immigration portugaise, par exemple, se dirige souvent vers des médias lusophones comme le journal Contacto et Radio Latina. Cette population se voit ainsi peu informée de l’actualité généraliste du Grand-Duché, puisque ces deux supports privilégient essentiellement l’actualité du Portugal et les informations concernant la communauté lusophone au Luxembourg.

Au Luxembourg, 55,7 % de la population parle français, 30,6 % allemand, et une minorité d’un habitant sur cinq préfère l’anglais. L’anglais est considéré comme un « langage d’affaires », réservé aux banquiers et aux travailleurs frontaliers, et utilisé par le mensuel et quotidien économique Agefi. Mais 70,5 % de la population s’exprime en luxembourgeois : il est donc logique que les télévisions locales privilégient cette langue.

La communauté francophone dispose cependant de deux grands médias en langue française : le journal et la radio L’Essentiel. Leur récente apparition, respectivement en 2007 et 2016, est vécue comme un progrès sur la scène médiatique du Grand-Duché, où la francophonie était jusqu’alors peu représentée. Les habitants francophones ne jouissent cependant pas d’une information pluraliste, mais plutôt d’une information mono-source dominée par L’Essentiel.

En ce qui concerne l’allemand, il est davantage représenté au sein des deux grands quotidiens nationaux : Das Luxemburger Wort et Der Tageblatt. Si ceux-ci publient quelques articles en langue française, la majorité de leur contenu demeure en allemand et exclut complètement le luxembourgeois. Contrairement à son concurrent, le site internet du Luxemburger Wort est pourtant disponible en français et anglais. Sa version print continue cependant à privilégier l’idiome de Goethe, afin de séduire les séniors, plus volontiers germanophones. Un comble lorsque l’on sait que l’allemand constitue la langue officielle la moins parlée sur le territoire.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.