The Times : sur le web, mais pas sur le flux

Capture d'écran de la page d'accueil du Times
Capture d’écran de la nouvelle page d’accueil du Times.

 

Depuis quelques semaines le Times, célèbre quotidien britannique de centre droit, ne publie plus en flux tendu sur son site web. Un pari osé, mais réfléchi. 

Après avoir instauré un paywall sans aucun contenu gratuit, le Times a fini de transformer son site web en une sorte de version numérique de sa version papier. Il ne présente plus qu’une page d’accueil unique, sans onglets menant à différentes rubriques. Le journal a totalement renoncé aux flux d’informations et aux directs, pour une édition unique confectionnée dans la nuit et mise à jour à 9 heures, midi, puis 17 heures. L’édition du matin est mise en avant tout au long de la journée, et seuls de très gros événements peuvent bousculer ce qui ressemble ainsi à une « Une ». Le Times applique donc la logique de bouclage à son site internet.

« Cibler ces temps forts nous permet de travailler davantage en profondeur pour rendre les choses claires, fournir des analyses sur les faits qui se produisent au cours de la journée, mais aussi pour satisfaire les lecteurs à l’heure de leur choix », explique Alan Hunter, responsable du numérique au Times, dans une interview au site Nieman Lab. Son adjoint Nick Petrie précise : « notre force est de proposer une lecture définitive sur ce qui s’est passé, plutôt que d’aligner des tweets de condoléances de leaders autour du monde ».

Privilégier la qualité à la quantité, et la faire payer, voilà donc la stratégie du Times. Cette stratégie fonctionne plutôt bien pour le moment : le Times et son petit frère du dimanche le Sunday Times ont réalisé 13,6 millions d’euros de bénéfices en 2015. Le journal papier diffuse 400 000 exemplaires en semaine et 770 000 le dimanche, alors que sur internet, les deux éditions rassemblent 172 000 abonnés. Reste à savoir comment les lecteurs vont accueillir cette nouvelle formule sur le web.

Alan Hunter est catégorique : « nous croyons avec force que le journalisme de qualité se paie. Notre force réside dans le fait de présenter, même si c’est une ou deux heures plus tard, la lecture la plus achevée sur l’événement qui vient de se produire, au lieu d’aligner les tweets ». En tout cas, si le quotidien détenu par Rupert Murdoch se permet de facturer la qualité, c’est qu’il a le public pour. Le lecteur moyen est âgé et aisé, et ne rechigne donc pas à payer. Tous les journaux ne peuvent pas en dire autant, notamment le Sunqui a abandonné son paywall en 2015, son public populaire n’étant pas forcément disposé à mettre la main à la poche.

Mais ce type d’offre, et les journaux britanniques plus généralement, sont fortement concurrencés par le site BBC Newsqui a réussi à allier gratuité et qualité, et a atteint 19 milliards de pages vues en 2015. Qualité et gratuité ne s’opposent pas nécessairement.

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