Un jour, une obsession

Capture d'écran du site Les Jours

Après plusieurs mois d’attente, Les Jours a fait son apparition sur la toile. Nouveau venu dans l’univers des sites d’information en ligne, ce pure player présente l’actualité comme Netflix présente ses séries. De quoi faciliter le binge reading ?

Si l’on filait la métaphore, on pourrait dire qu’aux épisodes correspondent des articles. Ils peuvent se lire dans n’importe quel ordre, mais l’objectif est que vous vous laissez emporter par le fil de la navigation et vous adonniez au binge reading. Ce terme dérive « du “binge watching”, cette pratique addictive qui consiste à dévorer d’un coup d’un seul tous les épisodes d’une série télé. L’expression a été popularisée par Netflix et elle est désormais déclinée à la lecture d’articles (« to read » : lire, en anglais) », explique la journaliste Charlotte Rotman.

Fondé par d’anciens journalistes de Libération, dont les Garriberts, Isabelle Roberts et Raphaël Garrigos, le site se caractérise par ses « obsessions ». Les deux cofondateurs précisent, dans une interview de Télérama, que les « sujets […] façonnent notre ligne éditoriale, notre vision du monde ». Ils citent d’ailleurs différentes thématiques d’actualité chaude qui les ont intéressés, à l’exemple des « djihadistes de retour de Syrie », la nomination du nouveau garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, ou encore l’essor du streaming.

Le choix de chaque obsession est explicité en amont.  Elles sont ensuite mises en scène à la manière d’une série : un générique vient même compléter la présentation. Elle s’articule autour de plusieurs onglets : épisodes, personnages, bande-son, documents… qui apportent un regard spécifique sur le sujet.

Capture d’écran de l’obsession « les années collèges ».

 

Les Jours joue sur différents médias pour enrichir ses articles. Un fonctionnement qui rappelle de loin les grands principes du webdocumentaire. Au cours de la lecture, de nombreux éléments viennent enrichir le sujet : cela peut être des définitions, mais aussi des indications complémentaires sur des personnages, voire des sonores. Actuellement, le site n’est seulement qu’à sa version pilote, qui privilégié l’abonnement à la publicité. La formule d’essai coûte 1 euro par mois, mais sera ensuite proposée à 9 euros par mois, même si un tarif réduit sera aussi disponible pour certains publics.

Un média à contretemps

Dans une interview accordée à France culture, Raphaël Garrigos soulève un sentiment de ras-le-bol généralisé vis-à-vis de l’information traditionnelle. L’instantanéité du web soumet les internautes à une surconsommation d’informations. Elles sont souvent jugées insatisfaisantes. Les Jours vise d’ailleurs, « les gens qui aiment l’information, ceux qui ont envie d’être informé en profondeur ».

Ces obsessions demandent du temps. Pas à pas, l’équipe analyse avec minutie une actualité remise en question, et sur laquelle, les journalistes veulent offrir un regard critique. À travers ces enquêtes, Les Jours traduit une volonté de revenir à un journalisme qui privilégie la qualité à la quantité. Une manière de revisiter l’actualité, sans toutefois plonger dans le slow.

Le site d’information propose également des sujets d’actualité chaude. Sa priorité est de traiter un sujet de façon complète. Le média a d’ailleurs « tenu à rester dans ce rythme quotidien, et si possible [publier] plusieurs fois par jour », insiste le journaliste Raphaël Garrigos.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.