La radio filmée : quels impacts journalistiques ? L’exemple de Vivacité

Christophe Grandjean, le présentateur du 8/9 de Vivacité. Image RTBF.

 

Avec l’arrivée d’internet, la radio a perdu sa prééminence sur la diffusion de l’information. Le web a bouleversé les pratiques, et s’est imposé comme le médium de référence en matière d’immédiateté. La radio doit ainsi se réinventer, notamment en s’incrustant sur la toile. Pour ce faire, de nombreuses stations ont commencé depuis quelques années à faire de l’image, comme Vivacité avec le journal de 8 h présenté par Christophe Grandjean.

« Radiovision », le mot qui désigne le fait de filmer une émission de radio, est connu par les journalistes. Il n’est en effet plus rare d’observer des caméras dans les studios, et d’ainsi pouvoir non plus seulement réécouter, mais aussi revoir les émissions de radio, sur internet par exemple. « La radio, pour garantir son avenir, doit s’implanter sur Internet. La génération des smartphones porte un intérêt plus grand pour l’image, d’où la raison de filmer la radio », assure Christophe Grandjean, présentateur du journal de 8 h de Vivacité, le plus écouté de la communauté wallonne de Belgique avec 350 000 auditeurs.

Journal qui a aussi pris les devants concernant la radiovision : « plutôt que de voir des journalistes et chroniqueurs qui ne tiennent pas compte de la caméra, nous avons décidé de créer un vrai journal radiophonique mais aussi télévisuel. » Il est également diffusé en simultané sur la chaîne de la RTBF, La Une. Cela permet à la radio de capter un audimat plus large, et à la télé d’avoir un journal à moindre coût.

Un effort pas anodin

Comme on peut le constater, contrairement aux autres émissions de radio filmées, dans le journal de Vivacité, les micros ne cachent pas le visage et les casques sont absents. « Nous devons aussi faire un effort vestimentaire et porter des vêtements neutres sans marque, ainsi qu’une petite touche de maquillage pour ne pas briller à la télé. » Les protagonistes regardent la caméra, mais contrairement aux acteurs télévisuels, ils n’ont pas de prompteur : « cela est moins confortable que la radio, mais cela pimente l’exercice ». L’heure est affichée, ainsi que les titres, et un bandeau déroulant est même présent. Une vraie émission de télé donc ? « Nous n’oublions jamais que nous sommes une radio avant tout. »

Quels changements, concrètement ?

« La principale difficulté a été d’illustrer nos sujets. On a trouvé une solution en demandant à nos journalistes de préparer des images qui collent le mieux au sujet. Lors d’interviews au téléphone, nous mettons dans la mesure du possible la photo de l’interlocuteur, ainsi que son nom et sa fonction. Pour les reportages, nos envoyés prennent photos et vidéos pour illustrer au mieux le sujet. » La station Vivacité appartenant au groupe RTBF, elle peut puiser dans une banque d’images conséquente. De plus, Vivacité fait appel aux journalistes de la maison-mère pour réaliser des duplex face-caméra : « c’est un exercice périlleux, car le risque c’est que le journaliste fasse référence à l’image, alors que nous sommes d’abord une émission de radio ».

Grâce à cette initiative, le journal a gagné 40 000 téléspectateurs, selon les chiffres du C.I.M. De là à voir disparaître complètement la frontière entre télé et radio ? « Je ne pense pas que la radio va disparaître. Nous sommes surtout écoutés dans la voiture. Nous n’avons pas de caméras travelling, que des caméras fixes. C’est de la télé low-cost », conclut Christophe Grandjean.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.