En Chine, la télévision a du pouvoir

La cité interdite, symbole de la nation. Image CC Mélodie Chum.
La cité interdite, symbole de la nation. Image CC Mélodie Chum.

 

La Chine, 1,360 milliard d’habitants. Sa télévision publique la CCTV, quasiment autant de téléspectateurs. Le porte-parole privilégié du gouvernement, où il n’est pas rare de croiser des programmes qui dissuaderaient quiconque s’opposant aux idées du régime. Loin de relâcher son emprise sur fond de libéralisation économique, de récents évènements témoignent d’un pouvoir de plus en plus imposant.

Faire du journalisme en Chine, c’est accepter certaines règles imposées par le pouvoir : ne pas critiquer le régime, ses dirigeants, et son fonctionnement. Le PCC et le gouvernement dictent bien souvent la ligne éditoriale des médias, qui doivent tenir un rôle de modèle, et adopter un ton positif censé refléter une société « harmonieuse ». Mais depuis quelque temps, il ne s’agit plus seulement de valoriser les succès économiques ou de faire l’impasse sur les sujets qui nuisent à l’image du pays, mais de promouvoir activement une certaine vision politique.

Certaines diffusions ont fait bondir les ONG telles que MSF, qui a condamné une nouvelle fois la CCTV pour avoir extorqué des « aveux » à des opposants politiques, et retransmis les images sur son antenne. Ainsi le 17 janvier 2016, Gui Minhai, qui avait disparu quelques mois plus tôt en Thaïlande, est apparu affirmant vouloir être jugé en Chine pour ses crimes. Ses crimes, ce sont des essais critiques à l’encontre du PCC, édités par la maison Mighty Current dont il est le propriétaire.

Deux jours plus tard, Peter Dahlin, membre de l’ONG China Urgent Action, passait à son tour aux aveux. L’homme était détenu pour « avoir encouragé les masses à s’opposer au gouvernement » ; la télévision aura permis aux mêmes masses de le voir comme le meilleur exemple à ne pas suivre. Xinhua, la plus grande et la plus ancienne agence de presse du pays, a aussi relayé ses aveux. Rattachée au Conseil des affaires de l’État de la République populaire de Chine, elle donne le point de vue officiel du gouvernement chinois à travers ses dépêches, qui sont utilisées par toute la presse de Chine.

Lors de sa visite aux principaux fournisseurs d’information chinois (CCTV, Xinhua et le Quotidien du Peuple) le 19 février, le Président chinois, Li Xinping, a mis ouvertement l’accent sur la direction du PCC dans la diffusion de l’information. « Les médias gérés par le Parti doivent travailler pour être la voix de la volonté et des propositions du Parti, doivent protéger son autorité et son unité », a-t-il clairement déclaré. Monsieur Xi, secrétaire général du Comité central du PCC a ajouté que « les organes d’informations gérés par le Parti et le gouvernement, doivent être des fronts de communication de ceux-ci. »

L’ouverture de la Chine n’est donc pas un front unique : le contrôle de l’information est encore total. Pire, les démonstrations de force se multiplient, comme l’a récemment montré l’expulsion d’Ursula Gautier. L’Empire du Milieu n’est pas encore prêt à s’assouplir.

 

 

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.