Être journaliste en Europe : plus dangereux aujourd’hui qu’hier ?

Liberté de la presse menacée
Image CC Dvelec Photography.

 

Ils exercent leur profession loin des zones de guerre, mais n’en demeurent pas moins en sécurité. En Europe, les journalistes sont aujourd’hui confrontés à de nouveaux risques et dangers. Et malheureusement, c’est directement la liberté de la presse qui est en péril…

Un tank est garé à l’entrée de la rédaction de RTL Info. Trois militaires veillent. Il y a encore quelques jours, on ne passait pas le portique sans avoir été fouillé. Les employés glissent un « bonjour » à ceux qui sont là pour les protéger. La scène est devenue presque banale et ne semble surprendre plus personne. Et pourtant. Nous ne sommes ni en Afghanistan ni dans n’importe quelle zone de guerre. Nous sommes à Bruxelles, en Belgique.

Un pays qui vit désormais sous la menace terroriste. Et où les journalistes semblent de plus en plus menacés… Depuis les attentats de Paris, en novembre dernier, pas un jour ne passe sans que les journalistes de RTL ne traitent un sujet lié au terrorisme. Interpellations, perquisitions, révélations : la menace terroriste est devenue un sujet quotidien. Et désormais, les journalistes sont confrontés à des obstacles qui tentent de compromettre leur mission d’information.

« Deux tiers des journalistes tués en temps de paix »

Le 16 janvier dernier, deux journalistes de RTL et de France 3 se sont fait agresser, à Bruxelles, dans l’exercice de leur profession. Ils tentaient d’obtenir des informations sur un dossier lié au terrorisme. Très vite, la direction de RTL a réagi en assurant que « malgré des conditions de travail de plus en plus difficiles dans certains quartiers, la rédaction continuera à mener son travail et sa mission d’information ».

En Belgique, comme dans de nombreux pays européens, les journalistes sont, de plus en plus, amenés à travailler dans un climat d’insécurité. « Il est clair qu’il y fut un temps où l’on pouvait tout dire dans nos sociétés démocratiques sans prendre de grands risques physiques. Mais les choses ont changé. Et cela nécessite d’être bien plus prudent » explique Christophe Giltay, président de la société des journalistes RTL Belgium.

Avec les attentats perpétrés contre Charlie Hebdo, la France fait, elle aussi, partie des pays où les journalistes sont devenus des cibles. À tel point qu’elle se hisse désormais comme le troisième pays où il est le plus dangereux d’être journaliste, selon un bilan de Reporters sans frontières. Loin des zones de guerre, les journalistes en Europe ne semblent alors pas moins menacés. « L’attaque contre Charlie Hebdo participe à l’inversion de la tendance de 2014 où deux tiers des reporters tués dans le monde l’avaient été en zones de conflits. En 2015, au contraire, deux tiers des journalistes tués l’ont été en temps de paix », souligne l’organisation.

Vers une érosion de la liberté de la presse en Europe

Et ces attaques contre des journalistes sont une réelle menace à la liberté de la presse. En 2015, selon un bilan de RSF, la liberté de la presse a très largement régressé dans la zone « Union-Européenne-Balkans ». Même si elle reste la presse la plus libre, elle enregistre la plus importante dégradation de l’année. Selon Christophe Giltay, il est important de dénoncer tout acte qui vise à compromettre la mission des journalistes afin de conserver ce principe fondamental qu’est la liberté de la presse. « Puisqu’on a la liberté de la presse, il faut en user, peut être même en abuser. Car c’est une liberté fondamentale qui fonde nos sociétés démocratiques » affirme-t-il.

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Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.