Être journaliste : un métier (toujours) à risques

Selon le bilan annuel de Reporters sans frontières, 110 journalistes ont été tués en raison de leur métier, ou sont morts de manière suspecte en 2015. Une hausse par rapport à 2014 qui comptabilisait 66 victimes. La France arrive tristement à la 3e place du podium en raison des attentats survenus dans les locaux de Charlie Hebdo. Un lourd bilan qui illustre encore aujourd’hui le danger d’exercer ce métier.

En tête des États les plus meurtriers pour les journalistes, l’Irak et la Syrie où 18 journalistes ont été tués selon le rapport de RSF. Les huit journalistes français assassinés le 7 janvier 2015 dans les locaux de Charlie Hebdo, font de la France le troisième pays le plus touché. Le Yémen, le Soudan du Sud, l’Inde, le Mexique et les Philippines viennent compléter la liste. « Pour 67 d’entre eux, l’organisation est en mesure d’affirmer de manière formelle qu’ils ont été tués en raison de leur profession ou dans l’exercice de leur mission » a précisé l’ONG dans son communiqué. En incluant les « morts suspectes », RSF dénombre en tout 110 journalistes tués en 2015.

Dans son rapport annuel, Reporters sans frontières fait également état de 54 journalistes retenus en otage à travers le monde (dont 26 en Syrie) et de 153 autres détenus (dont 23 en Chine, 22 en Égypte et 18 en Iran).

Une « violence délibérée » contre les journalistes qui manquent de protection

En plus d’un nombre plus élevé de journalistes tués dans le monde en 2015, ce lourd bilan témoigne d’une inversion de la tendance par rapport à l’année 2014. Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, remarque :

« Cette année deux tiers ont été tués dans des pays officiellement en paix, dans des pays comme les Philippines, l’Inde, le Mexique, et la France avec huit journalistes de Charlie Hebdo tués le 7 janvier. Ça traduit d’abord une autre vérité statistique, c’est que la plupart des journalistes qui ont été tués dans l’exercice ou en raison de leur fonction ont été assassinés. Ils ont été visés. Ça n’était pas qu’ils se trouvaient au mauvais endroit, au mauvais moment, d’un bombardement par exemple. Il y a vraiment une violence volontaire sur les journalistes pour les faire taire »

C’est « une situation préoccupante est imputable à une violence délibérée contre les journalistes et témoigne de l’échec des initiatives en faveur de leur protection » ajoute-t-il.

L’ONG a alors réclamait la nomination « sans tarder d’un représentant spécial pour la protection des journalistes auprès du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon ». Ce dernier, dans un rapport en août 2015, avait déjà placé la protection des journalistes en priorité dans les politiques de l’ONU mais cela s’est concrètement traduit par un échec. Depuis 2005, au moins 787 journalistes ont été tués en raison de leur profession.

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