Le pure player Rue89 va bientôt devenir une « rubrique » sur le site de L’Obs, d’après un communiqué rendu public le 23 décembre. Le site qui avait déjà été absorbé par celui de L’Obs après son rachat sera réduit à un « vertical » consacré à la « révolution numérique ». La date de cette transformation n’a pas encore été précisée.
« C’est l’histoire d’une révolution qui finit en désillusion »
« On est en train de repenser l’ensemble du site de L’Obs qui accueillera plusieurs univers. Rue89 fera partie de cette galaxie », précise Pascal Riché directeur adjoint du journal. Le message est clair. Finies l’information généraliste et la liberté de format. L’Obs décide de diviser pour mieux régner. Chacun de ses partenaires se spécialise pour laisser le champ libre à L’Obs : Bibliobs pour la littérature, et Le Plus pour ce qui concerne le journalisme participatif.
Cette transformation s’accompagne évidemment de changements au sein de la rédaction. Certains journalistes non spécialisés sont laissés de côté par cette nouvelle ligne éditoriale désormais centrée sur le numérique. Sur les 10 journalistes en postes actuellement, 4 seront affectés à d’autres rédactions du groupe Le Monde, qui possède L’Obs et donc Rue89. Deux des cadres dirigeants et un éditorialiste sont également sur la sellette. L’équipe n’a pour l’instant pas commenté cette décision, ni sur son site, ni sur les réseaux sociaux.
Né en 2007 de la volonté de quelques anciens de Libération, ce pure player fut l’un des tout premiers dans le paysage médiatique français, avec Slate puis Atlantico. Il tire son originalité de sa ligne éditoriale plutôt atypique. Des journalistes, des experts et des internautes — la fameuse « information à trois voix » — analysent l’actualité d’une manière décalée, parfois même gonzo, mais toujours pertinente.
Cette décision n’est pourtant pas une surprise. Depuis son acquisition en décembre 2011, le pure player n’a cessé de se faire grignoter par L’Obs. Rue89 n’avait pas eu le choix, puisque son modèle économique ne lui permettait pas de survivre seul. Les journalistes se sont donc délocalisés dans les locaux de L’Obs, et le site internet de Rue89 avait été intégré à celui de L’Obs. Bien que l’indépendance de la ligne éditoriale a été « garantie dans l’accord » selon son rédacteur en chef, ce rachat symbolisait déjà la fin d’une période.
Après les échecs de la version papier, abandonnée au bout de seulement 17 numéros, et du site jumeau Eco89, qui ne verra finalement jamais le jour, cette dernière « mésaventure » fera définitivement perdre son statut de leader au pure player. Il se fera devancer par le Huffington Post en nombre de visiteurs, et passera sous la barre de 2 millions de visites dans la foulée de son acquisition. Lâché par un parent au mieux indifférent, au pire carrément hostile, Rue89 était condamné.