Journaliste, pas « dronaliste » ?

L’utilisation des drones aériens se développe de plus en plus dans les médias. Ces petits engins télécommandés équipés d’une caméra offrent une nouvelle perspective dans le traitement de l’information. Ils permettent de capturer des images précieuses, de survoler des endroits inédits, et des zones dangereuses. Mais le drone peut-il pour autant être considéré comme l’allié du journaliste ?

Il est léger, plus rentable qu’une caméra sur grue, et a beaucoup à offrir dans l’audiovisuel. Le drone fait beaucoup parler de lui. Simple phénomène de mode, ou gadget indispensable ? Chacun semble avoir son avis sur la question. En tout cas, une chose est sûre : il est difficile d’accès. Son usage nécessite un brevet théorique de pilote ULM. Et pour conduire l’engin, il vous faudra obtenir une autorisation de survol qui exige parfois un long délai.

D’après Guillaume Richard, gérant de la société Dronelis, le secteur du drone est compatible avec le journalisme. « Nous travaillons au quotidien avec différents supports de presse, essentiellement avec la presse audiovisuelle et nationale, car dans le local ça ne marche pas. Aujourd’hui, notre point fort c’est d’être disponible partout en France. C’est ça que les journalistes recherchent ». [1] Il précise que le drone est un métier qui exige une pratique régulière de l’engin. « Avoir un spécialiste en drone aux côtés d’un journaliste, c’est jouable. » Dans le cas contraire, il nous explique que ça devient beaucoup plus compliqué à cause des autorisations systématiques.

Par ailleurs, nous avons interrogé Fanny Ménéghin, étudiante en Master Journalisme et médias numériques à Metz. En début d’année, elle a testé pour la première fois le pilotage d’un drone. Devant le regard de ses camarades de classe, et à proximité d’un endroit où « il y a peu de monde »[2], Fanny a essayé l’outil pendant dix minutes. « On l’a tous piloté depuis un smartphone, mais on était un peu ridicules. Et dès qu’un chien ou qu’un piéton passait, la consigne était de l’arrêter tout de suite. Le drone était protégé par du polystyrène », avoue-t-elle. En tout cas, cette étudiante ne ressort que du positif de cette initiation au pilotage. D’après elle, il s’agit même d’une expérience à valoriser sur son CV.

Le drone va devenir de moins en moins accessible

D’après Guillaume Richard, ce type d’enseignement est une manière de « vendre une formation de plus ». Et dans ce cas précis, il regrette le fait que le drone soit considéré comme un jouet. Interrogé sur l’avenir de sa profession, le gérant de Dronelis admet que le milieu du drone va être « de plus en plus serré et de moins en moins accessible ».

Enfin, de son côté, Alain Martin, directeur technique à Drone Aero Services, estime lui aussi que ces enseignements de « drone journalisme » sont inutiles. Il explique même que ces cours de pilotage peuvent être dangereux. « Cela peut poser des problèmes de sécurité à cause du vent par exemple. Ils risquent de casser l’engin, car ça ne s’apprend pas du jour au lendemain ».[3] En attendant d’être peut-être un jour l’allié de ces étudiants en journalisme, le drone a bien entendu plus vocation à être investi pour le moment par les grosses entreprises audiovisuelles.

Pour aller plus loin :

[1] Interview réalisée jeudi 4 décembre

[2] Interview réalisée mercredi 3 décembre

[3] Interview réalisée jeudi 4 décembre

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Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.