Instant Articles : le nouveau joujou Facebook

Facebook média

Nouvelle étape dangereuse pour l’indépendance des médias sur internet : après plusieurs mois de rumeurs et de négociations, une dizaine de grands éditeurs web ont signé un accord avec Facebook pour publier des articles directement sur le réseau social. La proposition en apparence alléchante n’est pas sans inquiéter certains médias déjà dépendants du géant Google.

Publier des articles en instantanée sur son site, c’est le nouveau pari Facebook expérimenté sur son application iPhone avec l’accord de neuf médias américains parmi lesquels le New York Times, BuzzFeed, National Geographic, The Atlantic et NBC. Le projet, baptisé Instant Articles, est basé sur un accord dans lequel les médias acceptent de perdre « une partie du contrôle sur les moyens de distribution » en l’échange d’une publication instantanée sur Facebook. The Guardian, BBC News, Bild et le Spiegel devraient dans les jours à venir également participer à l’expérimentation. Pour le moment, aucun média français n’a signé, mais ce n’est qu’une question de temps. Sur France Info, Laurent Solly, directeur général de Facebook dans l’Hexagone, a annoncé que plusieurs journaux français testeront également ce système d’articles instantanés « dans les prochaines semaines ».

Le poids de Facebook dans l’audience des médias numériques n’a cessé de croître ces derniers temps : il représente 14 à 16 % du trafic du New York Times, un chiffre qui a doublé au cours de derniers mois. En France, le site d’information 20 Minutes estime la part d’audience venue des réseaux sociaux à 15 % environ. Pour Le Monde, elle est d’environ 10 %, dont la grosse majorité en provenance de Facebook. Et un site d’information et de divertissement comme Buzzfeed, dont la stratégie tourne autour de la vitalité des contenus, avance le chiffre record de 75 %.

Les journaux concernés espèrent attirer plus de lecteurs. Même si Facebook affirme qu’ils pourront conserver 100 % des revenus publicitaires associés aux articles, quelques zones d’ombres subsistent. Avec ce nouveau « kiosque numérique », le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg promet aux médias et aux internautes une publication d’articles « nativement mobiles » apparaissant « dix fois plus vite » que ceux ouverts sur un site mobile, prenant huit secondes à s’afficher, à cause des bandeaux publicitaires, des encadrés partenaires, et des cookies. Mais si le géant du net ne percevra comme il le dit aucune recettes publicitaires, au final, qu’est-ce qu’il peut bien y gagner?

Même si le site américain se défend de vouloir jouer un rôle éditorial dans ces journaux, la plupart d’entre eux restent septiques. « Notre devoir est de rendre l’expérience plus riche, plus puissante, plus mobile en France », assurait le directeur de Facebook France Laurent Solly sur France Info. « Il n’y aura aucune ingérence du site américain sur le choix, le nombre ou la forme des articles instantané s», promet une porte-parole au site Rue 89.

« L’éditeur garde le contrôle total. Facebook est une plateforme de découverte et de distribution. Notre rôle est de proposer les meilleurs outils, adaptés au mobile, pour garantir une bonne expérience utilisateur, dans une logique de partenariat. C’est un win-win. » Une proposition de Facebook qui intervient alors que plusieurs chaînes de télévision françaises pointent du doigt le réseau social. TF1, M6, France Télévisions ont écrit à Facebook, ainsi qu’à Twitter, pour leur demander de retirer des vidéos mises en ligne sur leur plateformes sans autorisation.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.