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Nouveaux bac : sommes-nous prêts ?

Il y a près de trois ans, la réforme Blanquer restructurait profondément le baccalauréat et le lycée. Cette année, c’est la première fois que les élèves de terminales passeront le nouveau bac. Décryptage et critiques avec le SNES-FSU.

Lors de sa campagne présidentielle de 2017, Emmanuel Macron s’engage à réformer le baccalauréat général et technologique. Après les élections, Edouard Phillipe et son gouvernement missionnent plusieurs experts pour rendre un rapport « Un nouveau baccalauréat pour construire le lycée des possibles ». Le constat était de dire : « un étudiant sur dix échoue en licence, et près d’un quart se réoriente. C’est qu’il y a un problème. ». Ce problème, le rapport l’identifie essentiellement sur l’orientation entre le lycée et les études supérieures. L’idée est donc de permettre aux lycéens de « mieux » s’orienter, en ayant plus de choix, et en construisant son programme en fonction de ses goûts et de ses ambitions. En ce sens, les séries Littéraire, Economique et Social ainsi que Scientifique sont supprimées. Les lycéens, dès la seconde, doivent choisir des « spécialités » (arts ; mathématiques ; biologie et écologie ; numérique et sciences informatiques ; histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques ; physique-chimie ; humanités, littérature et philosophie ; sciences de la vie et de la terre ; langues vivantes, littérature et cultures étrangères ; sciences économiques et sociales ; littérature, langues et cultures de l’Antiquité ; sciences de l’ingénieur). Autre grand changement, une plus grande part est donnée au contrôle continu (40% de la note), à travers les « épreuves communes ».

Quel est l’objectif ?

Pourtant, plusieurs éléments viennent contredire cette volonté affichée. Olivier Thiébaut, professeur d’histoire-géographie au lycée Joseph Fourier à Auxerre, estime que la réelle volonté du gouvernement est de réduire le nombre de professeur. Le représentant syndical SNES-FSU nous explique qu’ils ont calculé le nombre de professeurs nécessaires à cette réorganisation. Résultat : 7000 postes en moins. Olivier Thiébaut continue : « nous en avons discuté avec le ministère, et ils arrivent à la même conclusion que nous. Nous faisons les mêmes calculs et obtenons les mêmes résultats ». Le ministère est donc d’accord sur la baisse des postes, mais explique que ce n’est pas l’objectif.

Et pour les élèves ?

Selon Olivier Thiébaut, la réforme handicape les élèves, qui fustige même : « les quelques points intéressants, c’est de la poudre aux yeux ». A propos des spécialités à choisir par exemple, il point : « en théorie, pourquoi pas ! Mais en pratique, tous les lycées ne proposent pas toutes les spécialités ».

Du fait des contraintes budgétaires, les lycées n’ont pas été dotés de la même offre explique l’historienne Laurence De Cock. Par exemple, dans l’Yonne, seuls deux établissements proposent la spécialité « numérique et sciences informatiques », recommandée pour s’inscrire dans certaines formations supérieures. Sur les douze enseignements de spécialité, sept sont obligatoires et chaque établissement doit les proposer. Mais certains n’offrent que ceux-là, alors que d’autres en proposent beaucoup plus.

Si théoriquement le nouveau bac permet aux élèves un plus grand choix et une meilleure orientation, en réalité il leur ferme des portes.

Pour appuyer sa réforme, le gouvernement explique qu’avec l’ancien bac, les élèves devaient énormément bachoter car les épreuves de juin comptaient pour une très grande partie du bac. Si le bachotage n’est probablement pas la meilleure méthode d’apprentissage, avec le nouveau bac, les élèves doivent bachoter encore plus. Comme les « épreuves communes » ont lieu tout au long de l’année, les élèves ont l’impression d’être constamment en période d’examen.

Grand oral ou grand flou ?

L’incohérence du nouveau bac semble présente dès sa mise en œuvre. Anna, en terminale, estime que les élèves manquent d’informations : « on a l’impression que les profs ont les infos au compte-goutte. On sait pas comment ça va se passer, c’est flou ». Cette élève du lycée la Croix Rouge à Brest explique que dès le choix des spécialités, ce n’était pas clair. Elle n’est même pas sûr que le grand oral ait vraiment lieu. Cette épreuve ajoutée par la réforme a de grande chance d’être perturbé, et pas seulement à cause du covid. Les lycées ne seraient pas prêts et mal organisés.

Cette impression de flou est partagée par Olivier Thiébaut : « on ne connait même pas les attendus des universités ». Pourtant, le bac est en parti censé préparer aux études supérieures. L’année dernière, les épreuves communes ont été transmises avec trois semaines de retard et les sujets ne correspondaient pas complètement au programme.

Mis à part la covid, la grande inquiétude concerne la difficulté des élèves, futurs étudiants, à réussir leurs études. « On a vraiment peur que la réforme créé une inégalité entre les bacs et entre les territoires » finit par s’inquiéter le professeur auxerrois.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.