Stop Hate For Profit : quand les stars se mobilisent contre la haine sur les réseaux sociaux

Plusieurs personnalités se sont ralliées au mouvement Stop Hate For Profit qui dénonce la haine sur les réseaux sociaux. Ces stars ont appelé leurs followers sur Instagram à se déconnecter le temps que ces contenus haineux soient retirés des fils d’actualité.

Refuser que la haine soit utilisée à des fins commerciales. C’est le mot d’ordre du mouvement Stop Hate For Profit, traduisible par « Non à la haine pour des profits ». Le phénomène, né au printemps 2020, a multiplié les actions jusqu’à l’automne. Ce mouvement, c’est une campagne lancée aux Etats-Unis par la Ligue anti-diffamation et la NAACP (Association Nationale pour la Promotion des Gens de Couleur) pour supprimer les contenus haineux des réseaux sociaux. Sur son site Internet, Stop Hate For Profit a listé dix revendications pour améliorer les contenus sur les réseaux sociaux, axées sur une revalorisation des droits humains, la fermeture de groupes antisémites ou complotistes et la lutte contre le harcèlement.

Suppressions de plusieurs groupes complotistes

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Stop Hate For Profit a eu gain de cause. Au début du mois d’octobre 2020 soit près de 4 mois après les premiers agissements du mouvement, Facebook a supprimé plusieurs pages complotistes. Sont concernés, des pages remettant en cause des propos sur la Shoah ou anti-vaccins. Mais également des pages relayant tout propos en lien avec le mouvement Qanon, un groupe qui vante un supposé réseau de pédophiles auquel Barack Obama ou Hillary Clinton, entre autre, ferait partie. Face à ces actions, Facebook réalise un coup double en améliorant le contenu de son réseau d’une part, et en répondant à de multiples demandes de l’autre.

Kim Kardashian et Hollywood apportent leur soutien

Avec ses 190 millions d’abonnés, la boss d’Instagram a envoyé un message fort en boycottant Instagram et Facebook pendant toute la journée du 16 septembre 2020. De plus, le boycott de Kim Kardashian a eu un effet ricochet. La star des réseaux a appelé toute sa communauté Facebook et Instagram (environ 220 millions de personnes) à se retirer des réseaux sociaux pendant une journée. Si certains n’ont pas répondu à l’appel, il est certain qu’une partie d’entre eux ont rejoint le combat au côté de Stop Hate For Profit.

Mais Kim Kardashian n’est pas la seule influenceuse à avoir affirmé son soutien au mouvement contre Facebook. L’acteur Leonardo Di Caprio (47 millions d’abonnés Instagram), la chanteuse Katy Perry (107 millions d’abonnés Instagram) et l’actrice Jennifer Lawrence (sur Twitter) ont acceptés de geler leur activité sur les réseaux sociaux pendant cette même journée du 16 septembre.

Les grandes marques au boycott publicitaire

Le contexte aux Etats-Unis est pour beaucoup dans l’appel massif au boycott des réseaux sociaux. Suite au décès de George Floyd, le pays multiplie les manifestations et le mouvement « Black Live Matters » occupe une place de plus en plus centrale. Face à cela, Facebook a refusé de supprimer certains messages compromettants de président Trump sur le décès de l’afro-américain. Un choix qui n’a pas plu aux internautes et aux commerciaux.

Le 17 juin, le groupe lance alors un premier appel aux entreprises en leur demandant d’arrêter temporairement leur publicité sur Facebook et Instagram. La démarche est de « forcer Mark Zuckerberg (Président Directeur Général de Facebook) à se rendre compte de l’impact que Facebook a sur la société » peut-on lire sur le site de Stop Hate For Profit. Immédiatement, plusieurs géants se mobilisent. Ce sont d’abord, les glaces Ben & Jerry’s qui ont stoppé en premier leur publicité payante sur le réseau au logo bleu, quelques jours après la demande de Stop Hate For Profit. Ils sont ensuite rapidement rejoints par Coca-Cola et par la société Unilever, qui possède entre autre Axe et Ben & Jerry’s. Mark Zuckerberg a fait face à un manque à gagner de 7,2 milliards d’euros, rien que sur la journée du vendredi 26 juin. La valeur de l’action Facebook en bourse avait lourdement chuté de 8$ en une heure ce jour là.  

Le hashtag #StopHateForProfit est toujours très actif sur Twitter. Une cinquantaine de tweets par jour relaient des informations ou des propos sur le hashtag. Mais le combat contre la haine en ligne est encore loin d’être gagné. En France, l’attentat commis contre le professeur Samuel Paty le 16 octobre remet en question le rôle de Twitter et Facebook. Les deux géants du numérique ont d’ailleurs été convoqué au Ministère de l’Interieur français pour expliquer comment la haine envers le professeur assassiné a pu se diffuser sur leurs réseaux.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.