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Le collège des Sables d’Or ne se la coule pas douce

Contrairement au premier confinement, les collèges doivent organiser la totalité des enseignements en présentiel et ont donc dû s’adapter en vitesse. A Thouaré-sur-Loire, commune de 10 000 habitants de l’agglomération Nantaise, le collège public Les Sables d’Or avait déjà pris les devants.

Port du masque, distanciation, lavage des mains, aération, au bout de trois mois les élèves connaissent bien la chanson. Même les portes restent ouvertes pour que personne n’y touche ! Le collège Les Sables d’Or avait anticipé le protocole de novembre en mettant en place dès la rentrée scolaire des règles sanitaires plus strictes que celles préconisées par le gouvernement. Selon le principal, M. Benac, cela demande beaucoup d’adaptations et de correctifs « car c’est quelque chose que l’on n’a jamais vécu ».

L’objectif du collège était ambitieux : garder tous les élèves, ne supprimer aucun cours et que chaque enfant puisse avoir un repas chaud.  M. Benac explique : « avec l’équipe de direction on a décidé d’aller un peu plus loin que le protocole sanitaire du ministère et on a fait “une classe une salle“ » afin de limiter le brassage des élèves. Mais cela a nécessité de nombreux achats et réaménagements de salles. M. Lidove, le gestionnaire, affirme qu’il a fallu pourvoir des salles – qui n’étaient habituellement pas pour les cours – de tables et chaises, de tableaux, d’ordinateurs, de vidéos-projecteurs… Des dépenses qui gonflent vite.

« On a tiré sur les réserves »

« Nos enfants ne doivent pas être privés de contact avec le système scolaire », a déclaré Emmanuel Macron. Mais à quel prix ? Ni l’Etat, ni le département n’aident financièrement. Alors, le manque de moyens et de personnels se fait d’autant plus ressentir avec la pandémie. M. Lidove reconnaît que le collège a dû faire face au COVID-19 dans l’urgence et donc « tirer sur les réserves ». La grande salle d’étude a même été réquisitionnée comme salle de classe ! Les AED (assistants d’éducation) doivent donc surveiller les collégiens, pendant le temps d’étude, dans leur salle habituelle pour éviter le brassage. Mais lorsque plusieurs classes n’ont pas cours simultanément, il y a pas assez d’AED disponibles ! La seule alternative : toutes les regrouper dans la cour de récréation.

La sociabilisation des nouveaux collégiens semble plus compliquée, même si une journée d’intégration a été maintenue pour les 6eme. Les inter-cours et les repas du midi sont les deux temps forts pour se faire des amis. Mais ne changeant pas de salle, il n’y a plus d’inter-cours et la restauration se fait uniquement avec ses camarades de classe. Marie* en 6eme au collège, affirme entre deux rires que les deux premières semaines, à cause du masque, elle ne reconnaissait pas les personnes avec qui elle avait parlé la veille.

Le self : lieu de contamination

Seul moment où les élèves tombent le masque, la pause de restauration. Le collège a 96% de demi-pensionnaires, soit 600 élèves, alors il a fallu s’adapter. D’abord dans le temps : le service a été augmenté de 50 minutes. Puis dans la configuration des lieux : sept îlots de 30 places afin que les élèves mangent par classe avec un roulement orchestré à la minute. M. Lidove, déclare : « c’était impossible que les élèves laissent une place sur deux ou il nous faudrait quatre heures de service et raboter des cours, y’en a qui l’ont fait, pas nous ». Théo*, en 3eme dans l’établissement, comprend : « on a un quart d’heure donc c’est rapide mais on sait que le collège n’a pas le choix ». C’est véritablement cette plage méridienne qui pose le plus de soucis au collège. Du fait que toutes les activités sportives et manuelles aient été supprimées, les élèves restent souvent pendant 1h45 dans la cour. C’est là que les distances ont le plus de mal à être respectées. Mme Gaumont, CPE, avoue que les collégiens qui se connaissaient déjà, sont souvent les uns contre les autres.

Des résultats satisfaisants

CPE, professeurs, principal s’accordent à dire que les familles sont vigilantes et les élèves plutôt obéissants. Pour M. Bénac « les collégiens sont supers » et « il n’y a eu aucun problème, ils ont été très respectueux de ces protocoles ». Malgré tout, Mme Gaumont convient que pour certains – une petite minorité – le port du masque est devenu un « jeu de provocation » avec les adultes.

Même si tout n’est pas parfait, l’équipe administrative du collège est relativement satisfaite du bon fonctionnement de l’établissement. M. Benac conçoit que ces règles peuvent être « un peu rigides » mais elles fonctionnent : seuls six élèves ont été testés positifs depuis septembre et aucun n’avaient été contaminé au collège.

Si toute l’équipe pédagogique a dû mettre les bouchers doubles, Mme Paguet, la professeur documentaliste, elle, est ravie ! Malgré les restrictions d’accès au CDI, les collégiens ont emprunté plus de 1000 livres au mois de novembre contre 400 l’an dernier. Le confinement leur offrirait-il plus de temps pour lire ?

*les prénoms ont été modifiés

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.