Juan Calles : le bonhomme du journal MÁS en évolution

Il y a cinq ans, le journal populaire salvadorien MÁS donne naissance à Juan Calles, un petit bonhomme chargé d’interagir avec les lecteurs. Avec des fonctions diverses et variées, le personnage réussit à devenir un phénomène d’ampleur dans le pays. Mais les défis qu’il rencontre aujourd’hui sont plus compliqués : il doit s’adapter à l’ère digitale.

Juan Calles naît le 10 septembre 2012. Son rôle ? Défendre le peuple et dénoncer les problèmes de la communauté : rues en mauvais état, manque de sécurité publique, défaillance des services de base, voisins fâchés, bruit… le bonhomme de 1,70 mètre accompagnait les journalistes à toutes les couvertures.

Le journal savait ce que le bonhomme devait faire. Il savait aussi que Juan Calles allait être un succès. Mais il n’imaginait pas à quel point il allait avoir un impact : après deux semaines, il y avait 30 appels en moyenne par jour pour signaler des problèmes.

Différentes versions de Juan Calles. La version du milieu est celle de 1,70 mètre.

D’un bonhomme inerte à une marionnette

Les grands défis commencent en 2013 quand le journal lance son site web, puisque la personnalité de Juan Calles avait était construite pour le papier. Avec le site web, le journal développe aussi ses réseaux sociaux. Tel est l’impact du bonhomme, qu’il décide de remplacer son compte institutionnel par celui de Juan Calles sur Twitter.

Capture d’écran du compte Twitter de Juan Calles.

En février de cette année, c’est le relancement du journal, avec une série de changements : « Juan Calles a cessé d’être un bonhomme fabriqué en chiffon et fil de fer, il a cessé d’être un bonhomme inerte pour devenir un muppet. On est en train de créer sa personnalité et sa façon d’être » raconte Rafael Cerna, directeur du journal MÁS.

Maintenant, Juan Calles est aussi une expression éditoriale d’idées propres au média. Il est devenu un élément commercial et vend son image pour des publicités. Il commence aussi à réaliser des vidéos pour le web et dans un futur, le journal souhaite qu’il fasse des interviews à des personnalités politiques. Cependant, les difficultés techniques sont nombreuses avec une marionnette.

Le citoyen idéal

Rafael Cerna, directeur du journal MÁS avec la marionnette Juan Calles.

Tel est le niveau d’empathie que Juan Calles développe avec le public, que les lecteurs n’appellent pas seulement pour dénoncer des problèmes, mais aussi pour le rencontrer.

Le bonhomme répond fortement à la personnalité d’un journal populaire : citoyen croyant, qui n’appartient pas à une religion en particulier, mais croit en Dieu comme la plupart en Amérique latine. Il défend le sexe féminin et n’a aucun problème avec aucune religion, parti politique ou orientation sexuelle. Il raconte des nouvelles toujours avec un ton poli et respectueux. Il ne connaît rien à la mode, mais il essaye d’être in.  Et « il est célibataire, mais à la recherche de quelqu’un pour se mettre ensemble », s’amuse Cerna. Le but c’est que le lecteur se dise « il est sympa ce bonhomme ».

D’après le directeur, le journal essayera de surmonter les difficultés dans les semaines suivantes : « C’est un défi très grand puisque le succès ne dépend pas de son apparence. L’idée c’est de créer un personnage qu’en soirée, est entouré de gens après dix minutes parce qu’il est le plus drôle, le plus amusant, le plus serviable. Le défi actuel est celui-ci, puisqu’écrire un Twitter n’est pas la même chose que faire une vidéo ».

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.